« L’absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques, ni sur la psychothérapie institutionnelle. » La phrase, extraite du rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) à paraître le 6 mars (et dévoilé par Libération le 13 février), est un tournant dans l’histoire de la prise en charge de l’autisme. Le désaveu de la psychanalyse est clair. Elle appartient désormais à la classe des « interventions non recommandées ou non consensuelles ». Les autorités sanitaires françaises s’alignent ainsi sur les recommandations internationales.
Une approche archaïque ?
Il faut dire que la France est l’un des derniers bastions du traitement psychanalytique des troubles envahissants du comportement (TED), dont l’autisme fait partie. Pourtant, les griefs ne manquent pas du côté des familles de malades.
La faute des parents, ou, plus précisément, un problème relationnel entre l’enfant et sa mère : c’est, pour l’essentiel, l’explication de l’autisme privilégiée par les psychiatres-psychanalystes. A cette culpabilisation sans arguments scientifiques s’ajoute l’inefficacité du traitement. A commencer par le diagnostic, que les psychiatres sont parfois réticents à poser, préférant parler de trouble affectif, voire de psychose, plutôt que d’autisme. D’année en année, les neurosciences ont cependant invalidé les théories psychanalytiques et prouvé les origines biologiques de la maladie. De leur côté, les associations réclament le droit de choisir la façon d’éduquer les enfants autistes.
Les thérapies alternatives
La fin de l’hégémonie de la psychanalyse pourrait bien favoriser d’autres thérapies, qui jusqu’à présent étaient mal acceptées en France. Les méthodes dites « comportementales », ou « éducatives », sont en revanche très utilisées en Amérique du Nord et en Scandinavie.
Appelées ABA* ou encore Teacch**, elles visent à adapter l’enfant autiste à son environnement et s’attachent à l’acquisition d’un comportement adéquat, sans chercher à soigner la maladie. Les tenants de l’approche psychanalytique dénoncent un dressage de l’enfant. Mais ces techniques, éprouvées à l’étranger, ont de plus en plus les faveurs des parents. Le débat devrait être nourri par le lancement, cette année, d’un plan pour l’autisme, décrété « Grande cause nationale 2012 ».