En cette dernière année du quinquennat présidentiel, le ministère des Affaires sociales et de la Santé multiplie les mesures : paquet de cigarettes neutre à partir du mois de mai, plan de 2 milliards d’euros pour la réforme des hôpitaux en juillet, « Mois sans tabac » en novembre... Le 25 mai dernier, lors d’un colloque consacré à la lutte contre les hépatites virales qui se tenait à Paris, Marisol Touraine a cette fois annoncé, « au nom du progrès médical, au nom, aussi, de [l’]engagement contre les inégalités de santé », la généralisation avant la fin de l’année des traitements contre l’hépatite C à toutes les personnes infectées. « Le progrès thérapeutique permet aujourd’hui de guérir l’hépatite C, a-t-elle expliqué. Les nouveaux traitements disponibles sur le marché sont, à ce titre, porteurs d’espoir pour les 500 000 personnes atteintes [d’une hépatite] en France. En dépit de leurs prix élevés, nous avons traité 30 000 patients, dont l’état de santé était particulièrement préoccupant. Nous devons aujourd’hui aller plus loin et garantir l’accès de tous les malades à ces traitements. »
Un virus en recul
La France est un pays de faible endémicité pour l’infection par le virus de l’hépatite C (VHC), avec près de 200 000 personnes positives. Les personnes immigrées ainsi que les usagers de drogues injectables sont les plus touchés : 1 % des premières et 29 % des seconds sont déclarés positifs. Selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), édité par Santé publique France, la prévalence de l’infection aurait par ailleurs reculé : 0,42 % de la population était atteinte en 2011, contre 0,53 % en 2004. Et cette baisse s’est probablement poursuivie, le BEH s’appuyant sur des chiffres antérieurs à l’arrivée, en janvier 2014, de sept nouveaux antiviraux à action directe (NAAD), qui permettent d’augmenter considérablement les taux de guérison.
Redéfinition de la lutte
Le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) assure en effet que « les NAAD, hautement efficaces et bien tolérés, permettent aujourd’hui d’obtenir, en quelques semaines, la guérison virologique chez plus de 90 % des patients ». Cela dit, une réelle inquiétude régnait quant à la prise en charge limitée des malades atteints d’hépatite C. Le CNS déplorait, comme beaucoup, « une discrimination entre patients qui n’est pas acceptable sur le plan éthique », car seuls les malades dans un état grave pouvaient accéder aux nouveaux traitements. Cet accès dépendra désormais du patient et de son médecin.
Prochaine étape : améliorer la proximité des structures pour développer la prévention et le dépistage, mais surtout, selon le CNS, faire baisser le prix des NAAD (40 000 euros pour une cure de Sofosbuvir par exemple), « dans le cadre de la politique conventionnelle des pouvoirs publics de fixation des prix avec l’industrie pharmaceutique ».