Cocaïne : la consommation augmente ainsi que les passages aux urgences

, par  Léa Vandeputte

Le marché de la cocaïne est en plein essor : sa production atteint des records, sa circulation s’amplifie, sa consommation est en hausse… ainsi que les prises en charge par les services d’urgence et les hospitalisations.

L’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) vient de publier un rapport sur l’évolution de l’offre et de la consommation de cocaïne en France entre 2000 et 2022. Ce document, réalisé notamment en partenariat avec Santé publique France et le réseau d’addictovigilance, tire un triste bilan : cette drogue illicite se banalise.

Prix en baisse et saisies en hausse

La cocaïne, extraite de la feuille de coca, est un puissant stimulant. Elle est produite quasi exclusivement en Colombie, en Bolivie et au Pérou avant d’être acheminée par différentes voies, partout dans le monde. Sa circulation « s’est amplifiée depuis les années 2010, représentant un tiers du marché des stupéfiants en Europe », constate l’OFDT avant d’ajouter : « La quantité de cocaïne produite dans le monde est passée de 1 134 tonnes en 2010 à 1 982 tonnes en 2020 et, en France, 27,7 tonnes de cocaïne ont été saisies en 2022, contre 10,8 tonnes en 2011. » En parallèle, son prix diminue (entre 50 et 70 euros le gramme) et la rend plus accessible encore.

La deuxième drogue illicite la plus consommée

La cocaïne était consommée, en 2020, par 21,5 millions de personnes dans le monde. En France, elle est la deuxième drogue illicite la plus utilisée, après le cannabis. L’OFDT estime le nombre de consommateurs à 600 000 dans l’année, contre 5 millions pour le cannabis et 400 000 pour la MDMA/ecstasy (une drogue de synthèse dérivée des amphétamines) en 2017.
Contrairement à une idée reçue, l’expérimentation par les jeunes demeure marginale. « Si, entre 2000 et 2014, la diffusion du produit avait plus que triplé parmi les adolescents de 17 ans (0,9 % en 2000 et 3,2 % en 2014), elle a connu une baisse sensible entre 2014 et 2022, détaille l’Observatoire. En 2022, 1,4 % des 17 ans ont déjà consommé le produit, soit une baisse de moitié en 5 ans. »
Le phénomène de hausse de son utilisation concerne donc plutôt les adultes : 1,6 % d’entre eux en a pris au moins une fois en 2017, contre 0,3 % en 2000. Et c’est surtout l’usage qui a changé : « plutôt circonscrit à l’espace festif et aux catégories sociales les plus aisées il y a 20 ans, il s’est étendu à d’autres milieux sociaux », estime l’ODFT. Il précise : « Cette pluralité des profils d’usagers se traduit aussi par la diversification des modes de consommation, sous forme sniffée (cocaïne-poudre), fumée/inhalée (cocaïne basée ou crack) ou injectée. »

Proposer une prise en charge sanitaire aux usagers

Ces différents phénomènes ont des impacts sanitaires avec notamment un recours aux urgences pour un usage de cocaïne qui a triplé entre 2010 et 2022 (21,2 passages pour 100 000 en 2022, contre 8,6 en 2010). « Les passages concernaient majoritairement des hommes (75 %) et l’âge médian était de 32 ans, ce qui correspond aux profils habituellement les plus consommateurs au sein de la population générale », note Santé publique France qui publie des données inédites à l’occasion de la sortie du rapport. Les séjours hospitaliers en lien avec une intoxication à la cocaïne ont eux aussi progressé en France passant de 4 832 en 2010 à 20 198 en 2021.
La plus grande circulation de ce stupéfiant s’illustre aussi par l’augmentation des demandes de traitement au sein des dispositifs spécialisés en addictologie (CSAPA) : 5 907 demandes de traitement en 2020, contre 2 613 en 2010.
« La prise en charge sanitaire des usagers de cocaïne reste donc un enjeu important, qui appelle une évolution des pratiques professionnelles en matière de repérage des consommateurs, considère l’ODFT. Un autre enjeu concerne les besoins de recherche de traitements médicamenteux efficaces, en application des recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS). »
L’Observatoire préconise de lutter sur tous les fronts : combattre les trafics, mener des campagnes de prévention et d’information, mettre en place des programmes pour combattre les addictions, soutenir la recherche… autant de mesures nécessaires pour contenir l’expansion du marché de la cocaïne.

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