« Je voudrais que ce monde cesse d’être un monde de silence, que les personnes en situation de handicap soient entendues haut et fort et qu’elles soient présentes et visibles partout dans notre société », a déclaré Emmanuel Macron le 26 avril dernier à l’Élysée, lors de la 6e Conférence nationale du handicap. L’occasion pour le président de la République de faire un point d’étape sur les chantiers lancés en matière de handicap, mais aussi de présenter les projets à venir. École, emploi, accessibilité, aides financières, sport : cinq axes définis et des annonces pour briser les « barrières qui empêchent encore au quotidien » les 12 millions de personnes porteuses d’un handicap en France « de mettre en pratique leurs droits et de participer pleinement à la vie de la société ».
1,5 milliard d’euros pour l’accessibilité des lieux publics
Pour améliorer l’accessibilité des lieux publics, 1,5 milliard d’euros seront débloqués, avec une priorité accordée aux petits établissements : « Petits commerces, restaurants, salles des fêtes, locaux de services publics dont la mise en accessibilité change très concrètement la vie des personnes. »
En ce qui concerne les logements, le dispositif Ma prime adapt’ sera ouvert aux personnes en situation de handicap dès 2024.
Autre sujet : le numérique. Alors qu’aujourd’hui, seule la moitié des 250 démarches administratives les plus utilisées par les Français est adaptée aux personnes souffrant d’un handicap, un plan de rattrapage est lancé pour garantir d’ici à 3 ans l’accès pour tous aux démarches et sites internet publics.
Enfin, il est prévu d’améliorer l’accessibilité aux transports, « avec l’acquisition de véhicules électriques adaptés, la mise en accessibilité des taxis, des gares, du train, avec des services aux voyageurs et des transports de substitution adaptés ».
Les fauteuils roulants pris en charge à 100 %
L’amélioration du quotidien des personnes handicapées passe également par le déploiement d’aides financières. Dès 2024, les fauteuils roulants seront intégralement remboursés. En outre, la déconjugalisation de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) entrera bien en vigueur en octobre : « À partir du 1er octobre, 120 000 personnes en situation de handicap, vivant en couple, verront ainsi leur AAH augmenter de 350 euros par mois en moyenne. »
Les fauteuils roulants coûtent cher. Dès 2024, ils seront intégralement remboursés.
Voilà l'une des annonces que j'ai faites hier à la Conférence nationale du handicap. C’est une mesure importante de justice sociale qui me tient à cœur.Je reviens ici sur 5 d'entre elles.… pic.twitter.com/b15RYnVBIW
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 27, 2023
Pour une école plus inclusive
À la rentrée 2022, 430 000 élèves en situation de handicap étaient inscrits à l’école, soit une hausse de 30 % depuis 2017. Avec un budget de 3,5 milliards d’euros alloués à l’inclusion scolaire, le Gouvernement souhaite aller plus loin en renforçant l’accompagnement des élèves. Chaque établissement du premier degré disposera ainsi d’un enseignant référent pour les élèves en situation de handicap, avec une rémunération spécifique pouvant aller jusqu’à 500 euros. Pour assurer plus de stabilité et un meilleur suivi, les 132 000 accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) pourront, s’ils le souhaitent, « passer aux 35 heures dès la rentrée 2023 », via notamment la réorganisation du temps extrascolaire.
Concernant l’enseignement supérieur et les 50 000 étudiants en situation de handicap (un nombre qui a doublé en cinq ans), l’accessibilité pédagogique et aux locaux devrait être finalisée.
Objectif : 6 % d’emploi des personnes handicapées en entreprise
Le Gouvernement souhaite par ailleurs que « l’environnement professionnel ordinaire de droit commun s’adapte aux personnes en situation de handicap, quel que soit leur handicap ». Alors que le taux de chômage des personnes handicapées est passé de 18 à 14 % depuis 2017, il indique vouloir simplifier la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé pour atteindre 6 % d’emploi des personnes handicapées en entreprise. Pour mettre fin à une inégalité, il s’engage également à ce que les travailleurs en établissement et service d’aide par le travail (Esat) aient les mêmes droits sociaux que l’ensemble des salariés (droit de grève, droit à la représentation syndicale, complémentaire santé…). Des textes allant dans ce sens devraient être présentés en Conseil des ministres avant l’été.
« Faire du sport une dynamique d’inclusivité »
Dernier axe développé dans ce Plan, un an avant les Jeux olympiques et paralympiques organisés en France en 2024 : l’accessibilité dans le domaine du sport. Le chef de l’État s’engage à « assurer l’accessibilité universelle de la compétition aux athlètes, visiteurs et touristes », notamment en « multipliant par 5 le nombre de taxis accessibles en circulation en Île-de-France, avec l’objectif d’atteindre les 1 000 pour les Jeux ou en mettant en place un service de navettes PMR [personnes à mobilité réduite, NDLR] pendant les Jeux ». Enfin, il souhaite également ouvrir la pratique sportive au plus grand nombre en remboursant mieux les prothèses, et ce dès cette année. « Un dispositif de suivi très étroit » devra assurer la bonne mise en place de ces annonces.