Les enquêteurs de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) et de l’Institut des politiques publiques (IPP) viennent de dresser la typologie des aidants de personnes vivant à leur domicile, dans une étude publiée le 17 mai. Ces informations constituent des prérequis indispensables pour construire les politiques publiques de demain et les adapter aux situations et aux problématiques des personnes qui viennent en aide à un proche dépendant.
L’importance de la « charge ressentie »
Pour déterminer des grandes caractéristiques communes aux aidants, ils se sont fondés sur les résultats de l’enquête Handicap-santé de 2008, réalisée par la Drees et l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Les conclusions de l’enquête Autonomie de 2022, attendues prochainement, devraient compléter ce premier travail et permettre d’étudier les éventuelles évolutions.
Les enquêteurs se sont particulièrement intéressés aux liens qui unissent le couple aidant-aidé, le besoin des personnes aidées, le degré d’implication des aidants mais également la « charge ressentie ». Ce dernier point se concentre sur les conséquences perçues par l’activité d’aide : les aidants déclarent ainsi qu’elle peut les amener à devoir faire des sacrifices, qu’elle affecte leur santé ou les relations avec leur famille…
Trois typologies d’aidants
Dans le détail, plusieurs catégories de proches aidants se distinguent. La première comprend ceux pour qui la « charge ressentie » est significativement plus forte que la moyenne. « Ce sont des conjoints, des parents et des enfants qui assument une charge d’aide importante pour des raisons différentes, [de 20 heures par semaine à une aide quotidienne, NDLR], constate la Drees. En 2008, sur les 7,6 millions de proches aidants analysés, ils représentent 1,8 million d’entre eux (24 %). »
La seconde, celle des proches aidants « moyennement impactés », regroupe « des conjoints et des parents de personnes aidées ayant peu de limitations dans leur vie quotidienne, mais qu’ils sont seuls à aider ». Ils sont 2,2 millions (soit 29 %).
Enfin, la dernière catégorie rassemble ceux pour qui la « charge ressentie » est plus faible que la moyenne : « Ce sont plus souvent des enfants, frères et sœurs, d’autres membres de la famille et d’autres personnes de l’entourage, rarement des conjoints, apportant une aide relativement moins importante. » Ils représentent quant à eux 3,6 millions d’aidants (soit 47 %).
#Aidants | La typologie proposée par la #DREES et @IPPInfo fait apparaître trois grandes catégories d’aidants selon l’ampleur de la charge ressentie : les plus impactés, moyennement impactés et les moins impactés⤵️ https://t.co/cmHRsplJ4l pic.twitter.com/agl8aIZMdf
— DREES - statistiques Santé Solidarités (@DREESanteSocial) May 22, 2023
Au moins un effet négatif pour 55 % des aidants
Pour aller plus loin, les chercheurs ont établi une liste de onze types de « charges ressenties » que peuvent expérimenter les aidants. On y retrouve le sentiment de ne pas avoir assez de temps pour soi ou pour sa famille, d’être amené à faire des sacrifices dans sa vie, d’être seul ou encore l’impression que la situation affecte sa santé. Au total, « 45 % des personnes interrogées ne déclarent pas de charge négative, 23 % déclarent une charge négative, tandis que 32 % déclarent deux charges négatives ou plus », indique la Drees.
#Aidants | Une nouvelle étude de la #DREES propose une typologie des proches aidants de personnes vivant à leur domicile. Cette typologie présente les grandes situations types et les ordres de grandeur des effectifs des populations concernées 👉https://t.co/cmHRsplJ4l pic.twitter.com/38dBylX4t9
— DREES - statistiques Santé Solidarités (@DREESanteSocial) May 17, 2023
L’impact du lien aidant-aidé
La « charge ressentie » augmente en fonction de l’intensité de l’aide à apporter et du nombre d’heures qu’elle nécessite, mais pas seulement : « elle dépend aussi significativement du lien entre l’aidant et l’aidé », constate la Drees qui énumère : elle est élevée lorsque l’aidant est l’un des parents de la personne aidée, puis lorsqu’il est son conjoint, lorsque l’aidant est une femme, quand il apporte une aide financière, quand il doit prendre seul les décisions ou est la personne de confiance, s’il existe un aidant professionnel (à cause de l’organisation nécessaire), ou encore lorsque l’aidant est en emploi ou est étudiant (difficulté à concilier vie professionnelle-vie privée). En revanche, la charge « diminue enfin lorsque l’aidant a la possibilité de se faire remplacer », estime la Drees.
Autant de paramètres que les pouvoirs publics devront prendre en compte dans le choix des mesures qui seront mises en place dans le cadre de la stratégie nationale qui démarrera cette année et qui prendra la suite de celle de 2020-2022, baptisée Agir pour les aidants.