Le consortium international de chercheurs Prevac, qui inclut notamment des chercheurs de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), a publié le 14 décembre, dans le New England journal of medicine, les résultats « prometteurs » d’un essai clinique concernant la sûreté et la réponse immunitaire induite par la vaccination contre Ebola. Cette étude a permis de tester différents schémas vaccinaux à partir de deux vaccins existants. Le premier, développé par Merck, Sharpe & Dohme, Corp., et le second par Johnson & Johnson, avaient reçus une préqualification – ce qui signifie qu’ils correspondent aux normes de qualité, d’innocuité et d’efficacité – de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2019.
Un essai clinique confirme des résultats prometteurs sur la sûreté et la réponse immunitaire induite par la #vaccination contre #Ebola.
Trois schémas vaccinaux ont été testés et la recherche continue pour établir leurs recommandations d’utilisation.▶️https://t.co/ad5yowoN6h pic.twitter.com/Fc65uJDVga
— Inserm (@Inserm) December 15, 2022
Trois schémas vaccinaux en test
L’essai avait pour objectif de mesurer la rapidité, l’intensité et la durée des réponses immunitaires générées en fonction de trois schémas vaccinaux : soit une injection unique du vaccin de Merck, Sharpe & Dohme, Corp., soit une première injection suivie d’une deuxième 56 jours après avec ce même vaccin, soit enfin une première injection suivie d’une deuxième 56 jours après avec celui de Johnson & Johnson. L’innocuité et la tolérance des produits ont également été évaluées. Au total, les 1 400 adultes et 1 401 enfants âgés de 1 à 17 ans participants à l’essai ont été répartis en plusieurs groupes afin de comparer les diverses options par rapport au placebo. « Les données obtenues suggèrent que les trois schémas vaccinaux sont sûrs et bien tolérés chez les adultes et les enfants », ont conclu les chercheurs. Des effets secondaires sans gravité ont été observés (douleur au point d’injection, fièvre, douleurs musculaires, maux de tête…) mais qui disparaissent généralement au bout d’une semaine. Côté réponse immunitaire, elle atteint un pic entre un et trois mois après l’injection et des anticorps sont détectables jusqu’à 12 mois après. « S’il n’est pas possible d’affirmer que cette réponse immunitaire permet de prévenir l’infection, la littérature scientifique suggère qu’il existe une corrélation forte entre la quantité de ces anticorps et la protection contre le virus », précisent les scientifiques.
Un virus encore souvent mortel
Le virus Ebola – appelé aussi Ebolavirus Zaïre – est très contagieux. Sa propagation au sein d’une population « est liée à une multitude de paramètres à la fois sanitaires (difficultés de diagnostic biologique, débordement des systèmes de santé dans des pays qui sortent pour certains d’une longue période de guerre civile, organisations humanitaires débordées par l’ampleur de l’épidémie) et socio-culturels (rites funéraires, fossé culturel entre les populations et les équipes soignantes, manque de confiance envers les autorités des pays et agences internationales) », explique l’Inserm. Le virus provoque en premier lieu des symptômes non-spécifiques comme de la fièvre, une fatigue ou des douleurs musculaires et articulaires, puis il engendre des signes gastro-intestinaux, respiratoires et, parfois, neurologiques caractéristiques. Il est mortel dans 40 à 80 % des cas ; d’où l’importance de ces résultats sur la vaccination. « Les données collectées lors de cet essai clinique sont précieuses car elles permettent de confirmer la sécurité et l’efficacité potentielle des vaccins disponibles, ce qui va permettre d’affiner les recommandations de vaccination en période d’épidémie d’Ebolavirus Zaïre mais aussi en période inter-épidémies, chez les populations à risque », confirme Yazdan Yazdanpanah, co-investigateur principal de l’essai et chercheur à l’Inserm.