L’hypotension orthostatique, à ne pas prendre à la légère

Souffrir d’hypotension orthostatique – une sensation d’étourdissement lorsque l’on se lève rapidement mais parfois sans aucun symptôme – est assez courant. Cela témoigne d’une certaine vulnérabilité sur le plan cardiovasculaire dont il faut se préoccuper. 

L’hypotension orthostatique, soit la chute de la pression artérielle (PA) dans les trois minutes après le passage en position debout, est définie comme une baisse de PA systolique (valeur de la pression dans l’artère au moment où le cœur se contracte) d’au moins 20 mm de mercure (Hg) et/ou de PA diastolique (lorsque le cœur est au repos entre deux contractions) d’au moins 10 mm Hg.

Un risque accru de chute et de décès, même chez les formes asymptomatiques

L’hypotension orthostatique est à prendre au sérieux. C’est un facteur de risque de mieux en mieux cerné. Une compilation d’études sur le sujet a enfin permis d’affiner les risques encourus : « l’hypotension orthostatique est associée à des hausses de 36 % du risque de décès toutes causes, de 41 % du risque de maladies cardiovasculaires et de 61 % d’accident vasculaire cérébral (AVC) », décrivait le Pr Olivier Hanon (hôpital Broca, Paris) lors de la 41e Journée de l’hypertension artérielle à Paris*Le risque de chute n’est pas non plus négligeable, une étude l’ayant évalué à plus de 70 %**.

Cette hypotension doit être recherchée de manière systématique chez certains individus, d’après un consensus franco-européen 2014***. Précisément, il s’agit des plus de 65 ans, des patients hypertendus sous médicaments antihypertenseurs, des personnes diabétiques et/ou insuffisantes rénales et/ou dénutries et déshydratées, ainsi que celles atteintes de la maladie de Parkinson ou de troubles cognitifs. Une perte de connaissance, une lipothymie (sensation de soudaine faiblesse généralisée), des vertiges, une fatigue, un trouble visuel… doivent aussi la faire suspecter.
Selon l’hypertensiologue, « il faut toujours rechercher la cause, et distinguer une hypotension dite neurogène (liée à un dysfonctionnement du système nerveux autonome dans le cas d’une maladie de Parkinson, d’un diabète, d’un trouble du transit, d’une insuffisance rénale, d’une dysfonction érectile), ou secondaire. Cette dernière, la plus fréquente, est liée soit à la prise de médicaments (antihypertenseurs, psychotropes, antiparkinsoniens, anticholinergiques, opiacés), soit à une hypovolémie », en l’occurrence ici une diminution brutale du volume du sang dans la circulation sanguine.

Des règles simples à observer

Suivre quelques règles dites hygiéno-diététiques est primordial, comme une hydratation suffisante (1,5 à 2,5 l d’eau /jour), un apport en sodium entre 6 et 10 g/jour, 400 ml d’eau avant de manger si l’hypotension survient après les repas (post-prandiale) et s’astreindre à une activité physique régulière.
Au quotidien, des mesures simples s’avèrent efficaces : incliner son lit à 10° au niveau de la tête, décomposer son lever, porter une contention des membres inférieurs (chaussette ou bas de contention au moins de classe 2 et/ou ceinture abdominale), se doucher en position assise, etc.
Lorsque l’hypotension est due à un médicament, celui-ci doit être revu, soit en changeant de classe thérapeutique, soit en réduisant sa posologie ou en modifiant l’horaire de prise, en particulier pour les antihypertenseurs. 

Hélène Joubert

* Hanon O., « Que faire devant une hypotension orthostatique », 41e Journée de l’hypertension artérielle, décembre 2021.
** Journal of the American Medical Directors Association, mai 2019.
*** Société française d’hypertension artérielle, Société française de gériatrie et gérontologie, European Federation of Autonomic Societies


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