Santé publique France s’est intéressée au lien entre les conditions de télétravail, la symptomatologie dépressive et la survenue de lombalgie. Plus qu’un constat, l’objectif de cette étude est d’identifier « des leviers d’action efficaces pour réduire les conséquences du télétravail ou du travail hybride sur la santé ».
Depuis quelques années, et notamment depuis la crise de Covid-19, le télétravail a augmenté de façon significative. Pendant les confinements successifs, ce mode de travail a en effet permis une poursuite des activités. Mais ce n’est pas là son seul bénéfice. Entre l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, l’économie de temps (notamment celui passé dans les transports), la plus grande autonomie offerte aux télétravailleurs et la baisse de l’absentéisme, notamment, les bienfaits de cette réorganisation profonde de l’activité professionnelle ne sont plus à démontrer. Mais le travail à distance n’a-t-il que des avantages ? Pas vraiment. Santé publique France vient à ce sujet de publier les résultats d’une étude sur le télétravail et ses effets sur la santé, en prenant plus précisément en compte la santé mentale et les troubles musculosquelettique (et plus précisément la lombalgie) du télétravailleur.
Les télétravailleurs davantage touchés par la lombalgie
Santé publique France a mené son étude sur près de 1 500 travailleurs indemnes de lombalgie au début du 3e confinement (avril 2021). Communément appelée « mal de dos », « lumbago » ou « tour de reins », la lombalgie, dans sa forme commune, est le mal de dos le plus répandu. Elle désigne « une douleur, souvent intense, au niveau des vertèbres lombaires, situées en bas du dos », précise l’Assurance maladie. « On peut aussi ressentir un sentiment de blocage ou des difficultés à faire certains mouvements », ajoute-t-elle.
En prenant en compte un certain nombre de variables, Santé publique France constate que la prévalence de la lombalgie passe de 9,2 % pour le télétravail à temps plein à 5,3 % pour le travail hybride (mode de travail flexible qui alterne travail en distanciel et en présentiel) et tombe même à 4,8 pour les personnes n’ayant pas du tout recours au télétravail. Pourquoi ? Première explication : le télétravail aurait tendance à accroître la sédentarité et favoriserait le maintien de postures, parfois délétères, de façon prolongée.
La dépression comme facteur déterminant
Mais ce n’est pas là la seule cause. Le télétravail amplifie également l’isolement social, et de fait, comporte des risques psychosociaux pour les individus qui le pratique. Consciente de ce phénomène, Santé publique France a ainsi pris en compte dans son étude cette variable. Résultat : la survenue lombalgie augmente significativement avec le « score de dépression », « variant de 2 % en cas d’absence de dépression, à 10 % en cas de dépression probable et jusqu’à 23 % en cas de dépression certaine », précisent les rédacteurs de l’étude.
Interrogés sur leur niveau de satisfaction, notons que la part des télétravailleurs se déclarant très satisfaits « était significativement plus élevée pour les télétravailleurs à temps plein que pour les travailleurs hybrides ».
Les entreprises invitées à agir pour la santé des télétravailleurs
Loin de vouloir pointer les effets néfastes du télétravail, l’institution préfère identifier certaines pistes pour préserver la santé des télétravailleurs. Elle souligne ainsi l’impact de « certains aspects d’organisation du travail, telle que la quotité de télétravail hebdomadaire, pour réduire les répercussions du télétravail sur la santé » et met « en évidence l’importance des conditions matérielles de télétravail (pièce dédiée, second écran, clavier, chaise de bureau) ».
Elle formule plusieurs leviers d’action. Premièrement, elle encourage les entreprises à s’appuyer sur les ressources des acteurs de la prévention pour réduire l’impact négatif des nouvelles organisations du travail. Elle les invite également à fournir à ses salariés un matériel adapté (mobilier, écran à hauteur réglable…) et à leur transmettre les recommandations pour l’aménagement des postes de travail. L’établissement public les invite enfin à encourager leurs salariés à « la prise de pauses régulières pour faciliter le mouvement et lutter contre les postures assises prolongées ».
© C i E M / Constance Périn
Le télétravail en France
En 2022, près d’un salarié sur cinq, en moyenne, a été en télétravail au moins un jour par semaine. Plus des trois quarts des télétravailleurs sont satisfaits de leur nombre de jours hebdomadaires de télétravail. (Source : Insee)