Le gouvernement vient de présenter sa stratégie nationale de la biodiversité pour 2030. Son objectif est ambitieux : stopper puis inverser l’effondrement du vivant. On fait le point sur les mesures phares pour y arriver.
La Première ministre, Élisabeth Borne, a présenté, lundi 27 novembre, la Stratégie nationale de la biodiversité pour 2030. Cette feuille de route a pour but de « sauvegarder la nature et préserver le vivant ». Avec ses 40 mesures et 200 actions, elle s’inscrit « dans une logique de planification écologique » voulue par le président de la République, Emmanuel Macron, et dans le prolongement de la COP15 biodiversité de 2022.
Préserver la nature pour préserver l’homme
La Première ministre a commencé sa présentation par un constat grave : « l’effondrement de la biodiversité est une menace existentielle pour nos sociétés ». Le patrimoine naturel est fragilisé par les activités humaines. Sur les plus de 200 000 espèces animales recensées en France, 2 700 sont menacées. « La situation s’accélère et un million d’espèces animales et végétales pourraient disparaître dans les prochaines décennies », a insisté Élisabeth Borne. Or, cet effondrement fait peser « un risque majeur » sur la société humaine. La biodiversité contribue en effet à la qualité de l’eau, de l’air, de notre alimentation et donc, de notre santé.
Protéger et restaurer la biodiversité
Avec sa Stratégie nationale pour la biodiversité, le gouvernement a donc pour but de « stopper puis d’inverser l’effondrement du vivant ». Pour cela, quatre axes de travail ont été définis.
Le premier consiste à « réduire les pressions qui s’exercent sur la biodiversité ». D’ici 2030, 10 % du territoire devrait ainsi être placé en protection forte (contre 4,2 % actuellement). Ces aires protégées concerneront les récifs coralliens d’Outre-mer, les mangroves ou encore les herbiers de posidonie (des plantes aquatiques de Méditerranée). En parallèle, la pollution lumineuse, qui perturbe la nature, devra baisser de 50 % grâce à l’extinction des sources non essentielles. La lutte contre les plastiques à usage unique sera également poursuivie (voir notre infographie « Emballages alimentaires : comment réduire ses déchets »). Enfin, l’artificialisation des sols, qui rend le territoire plus sensible aux inondations et aux sécheresses, sera freinée. « C’est pourquoi la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers sera divisée par deux d’ici 2030, permettant de préserver 120 000 hectares par an », indique le gouvernement.
Le deuxième axe, complémentaire au premier, s’attache quant à lui à restaurer la biodiversité dégradée. Ce sont 50 000 hectares de zones humides qui seront ainsi restaurés d’ici 2026. Le gouvernement prévoit aussi de planter 1 milliard d’arbres adaptés au climat futur.
Financer la Stratégie nationale de la biodiversité
Pour atteindre ses objectifs, le troisième axe de travail prévoit de mobiliser tous les acteurs. Collectivités, entreprises, associations, citoyens, tous sont sollicités. Les plus jeunes vont être tout particulièrement sensibilisés à ces enjeux. Dans les écoles et les collèges, 18 000 aires éducatives seront mises en place. Elles permettront de présenter aux élèves les spécificités de leur territoire, une façon de les encourager à le protéger.
Le quatrième et dernier axe est intitulé « Garantir les moyens d’atteindre ces ambitions ». Il prévoit notamment de réaliser le tout premier recensement exhaustif de la biodiversité sur l’intégralité du territoire (métropole et Outre-mer) d’ici 2027. Il précise aussi le financement des mesures ; le nerf de la guerre. L’État promet ainsi de consacrer « un budget inédit » de plus d’un milliard d’euros supplémentaires à la protection de la nature et de l’eau dès 2024.
Maintenir les efforts
Les principales organisations de protection de la nature reconnaissent des avancées mais estiment qu’il faut aller plus loin. La fondation WWF France, par exemple, salue dans son communiqué « le travail accompli par le gouvernement, qui a pris le temps de la concertation et compris l’enjeu essentiel du financement ». Elle regrette toutefois « la faiblesse de la stratégie sur l’agriculture alors qu’elle représente pourtant près de 7 milliards de subventions néfastes à la biodiversité par an ».
Il faut dire que sur plusieurs points (l’utilisation des pesticides et l’évolution de l’agriculture notamment), le gouvernement a reporté les décisions et renvoyé vers d’autres textes en cours de négociation. « L’exemplarité de l’État et la cohérence des politiques publiques sont indispensables, en particulier concernant l’agriculture », réagit de son côté le Comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ce dernier appelle par ailleurs à « accroître les financements chaque année » afin de maintenir les engagements sur le long terme.
© C i E M / Léa Vandeputte