Plus d’un tiers de la population mondiale, soit plus de 3 milliards de personnes, vit avec un trouble neurologique. C’est ce qui ressort d’une étude publiée par la revue spécialisée The Lancet.
Cette étude dévoilée par The Lancet porte sur une période allant de 1990 à 2021. Des chercheurs du monde entier ont assemblé leurs travaux, sous l’égide de l’Institute for health metrics and evaluation (IHME), afin de mettre en relief les impacts causés par ces maladies neurologiques. Les chercheurs estiment que les 37 affections neurologiques de longue durée existantes concernent 3,4 milliards de personnes. Une prévalence qui en fait la première cause de maladie à l’échelle mondiale.
L’AVC en première ligne
Les dix maladies neurologiques les plus répandues en 2021 sont l’accident vasculaire cérébral (AVC), l’encéphalopathie néonatale (lésion cérébrale), la migraine, la démence, la neuropathie diabétique (lésion nerveuse), la méningite, l’épilepsie, les complications neurologiques liées à la prématurité, les troubles du spectre autistique et les cancers du système nerveux.
Ces maladies tuent ainsi 11 millions de personnes chaque année. Les troubles neurologiques, pour beaucoup incurables, accompagnent souvent les malades jusqu’à la fin de leur vie, affectant leur santé au quotidien, leur mode de vie ou leur santé mentale. Et c’est ainsi l’espérance de vie qui en pâtit. L’étude chiffre à 160 millions le nombre d’années de vie en bonne santé perdues par l’ensemble de la population mondiale. Les facteurs expliquant cette hausse du nombre de cas sont nombreux.
Des pathologies ont émergé
De nouvelles maladies sont notamment apparues ces dernières années. Les complications dues à l’épidémie de Covid-19 touchent à l’heure actuelle 23 millions de personnes. Par ailleurs, le trouble ayant connu la plus forte croissance au cours des trente dernières années est la neuropathie diabétique, qui concerne 206 millions de personnes. Un chiffre qui coïncide avec l’augmentation générale des cas de diabète sur ces trois décennies.
À noter aussi que 80 % des cas de décès et des pertes de santé dues à ces causes neurologiques concernent les pays les plus pauvres, l’accès aux traitements étant très variable selon les pays. Une situation à mettre cependant en perspective. Si le nombre absolu de malades et de décès liés à ces affections a augmenté au cours des trente dernières années, la courbe suit celle de la croissance démographique mondiale. « La hausse en valeur absolue est principalement due à l’évolution démographique et à l’allongement de la durée de vie », résume l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un communiqué.
Protéger « de la petite enfance jusqu’au grand âge »
« Les affections neurologiques provoquent de grandes souffrances chez les individus et les familles qu’elles touchent, et privent les communautés et les économies de capital humain, estime le directeur général de l’OMS, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus. Cette étude doit servir d’appel urgent à l’action pour intensifier les interventions ciblées afin de permettre au nombre croissant de personnes vivant avec des maladies neurologiques d’accéder aux soins, aux traitements et aux services de réadaptation de qualité dont elles ont besoin. »
L’OMS note par ailleurs des disparités de genre face à ces troubles. Les hommes sont les plus affectés par la détérioration et le handicap que les femmes. Mais ces dernières sont sur-représentés dans certaines maladies comme la migraine ou la démence (et notamment Alzheimer). Le directeur général de l’OMS conclut qu’« il n’a jamais été aussi important de veiller à ce que la santé du cerveau soit mieux comprise, mieux valorisée et mieux protégée, de la petite enfance jusqu’au grand âge. »
© C i E M / Mathieu Yerle