Après combien de temps les femmes traitées pour un cancer du sein reprennent-elles leur emploi ? C’est à cette question que répond une nouvelle étude. Si près d’une sur deux retrouve son activité dans l’année qui a suivi le diagnostic, les situations demeurent variées.
Les données manquaient jusqu’à présent sur les délais moyens de reprise de l’activité professionnelle après un diagnostic de cancer du sein. Cette lacune vient d’être comblée par une étude réalisée par des chercheurs des universités Claude-Bernard Lyon 1 et Gustave-Eiffel, des Hospices civils de Lyon et de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Publiée dans la revue Clinical Breast Cancer, elle reprend les données de l’Assurance maladie (le système national des données de santé – SNDS). Des informations essentielles pour mieux comprendre le parcours de ces femmes et améliorer les pratiques.
Des délais de retour à l’emploi très divers
Pour établir des statistiques, les chercheurs se sont appuyés sur les chiffres des congés maladie compensés par des indemnités journalières et sur ceux des pensions d’invalidité. Ils ont ainsi pu retracer le parcours de 317 patientes.
« La moitié des femmes sont retournées au travail au cours de la première année suivant le diagnostic, constate ainsi l’Inserm dans son communiqué. Environ 4 femmes sur 10 sont revenues plutôt au cours de la deuxième année après une période de travail à temps partiel. » Mais certaines patientes connaissent un retour à la vie professionnelle plus difficile. « Environ 1 femme sur 10 a connu des périodes d’arrêt complet de travail se prolongeant sur 3 ans depuis le diagnostic », indique l’étude.
La moitié des patientes ont eu 15 mois d’arrêt
Dans le détail, le nombre d’arrêts de travail variait de 1 à 25 par personne et leur durée de 3 jours à 3 ans. Une patiente sur deux a eu jusqu’à 15 mois d’arrêt au total. Trois ans après le diagnostic, 77 % des femmes étaient en reprise de travail complète, 15 % étaient toujours arrêtées ou en invalidité et 8 % étaient en reprise partielle. « Ces chiffres montrent la grande variabilité des situations individuelles, estiment les auteurs. Mais ils montrent surtout que la plupart des femmes reprennent le travail. »
Personnaliser l’accompagnement
La reprise du travail après un cancer du sein est une étape importante qui vient s’intégrer dans le parcours de soins. Plusieurs acteurs interviennent (oncologue, médecin du travail, employeur, ergonome…) pour la faciliter. Mais celle-ci peut être vécue différemment selon les femmes.
C’est pour comprendre les leviers et les freins de la reprise que les chercheurs ont sollicités des experts : des représentantes des patientes et des professionnels de santé. Pour eux, il faut penser différemment l’accompagnement des femmes dont la période de retour au travail est particulièrement longue. Concrètement, ils considèrent qu’il est nécessaire d’évaluer les besoins de chaque femme afin de proposer un accompagnement adapté, à la lumière des résultats de l’étude. Ces derniers permettront « aux cliniciens d’offrir un soutien personnalisé aux patientes et de concevoir des interventions ciblées qui facilitent un retour au travail réussi », concluent d’ailleurs les auteurs.
© C i E M / Léa Vandeputte
Le cancer du sein en France
Le cancer du sein est le cancer féminin le plus fréquent. En 2023, 61 214 cas ont été diagnostiqués selon les chiffres de l’Institut national du cancer (Inca). Dans la majorité des cas, le développement d’un cancer du sein prend plusieurs mois, voire plusieurs années. Et c’est un cancer de bon pronostic. Le taux de survie à 5 ans est de 88 % (+ 9 points entre 1990 et 2015 ; dernière étude en date). D’où l’importance, pour les femmes de 50 à 74 ans, de participer au dépistage organisé, tous les deux ans (lire notre article). Une détection précoce augmente les chances de guérison.