Réseau Etre : le pari de l’insertion verte

Le réseau des Écoles de la transition écologique (Etre) se développe à travers la France avec une mission simple mais cruciale : permettre à des jeunes en décrochage ou en reconversion de retrouver un emploi en lien avec l’écologie.

Ce n’est pas vraiment le lieu où l’on s’attend à voir un organisme de formation s’implanter. C’est pourtant à Lahage, un petit village de 194 habitants au sud-ouest de Toulouse, que la première école du réseau Etre a pris racine. C’était en 2017. Elle tente de répondre à plusieurs enjeux : faciliter l’accès à l’emploi, lutter contre le décrochage scolaire et accélérer la transition écologique.

Une lente maturation

Frédérick Mathis © Zélia Mézailles

Ce projet est porté par Frédérick Mathis. Dès les années 2000, il fonde l’association de formation 3PA, le prototype des écoles de la transition écologique. « J’ai commencé par sensibiliser les jeunes des quartiers sensibles de Toulouse à l’écologie, via des ateliers, se remémore-t-il. Leurs retours étaient positifs mais ils avaient d’autres problèmes : remplir le frigo et trouver un emploi. Il fallait absolument leur proposer des solutions et les impliquer dans la transition écologique. »

Il décide alors de les emmener chez lui, à la campagne, et de leur mettre « les mains dans la terre ». « Certains ont adoré, et ont voulu savoir comment en faire un métier », se souvient-il. Après plusieurs années à développer des formations avec son association, il lance le réseau Etre. « Nous avons choisi ce nom car il y a des enjeux de sens, d’utilité, de la place que l’on peut trouver dans la société », explique-t-il.

Le pari de la pratique

Le concept de départ est simple : cibler les jeunes de 16 à 25 ans en décrochage scolaire et social, et leur donner le goût pour des métiers en lien avec la transition écologique. « Il n’y aura pas de transition sans formation », estime-t-il. L’accent est mis sur la pratique. « Peu importe qui tu es, dans la première demi-heure, tu dois avoir un outil en main, indique Frédérick Mathis. C’est un vrai enjeu de valoriser l’intelligence de la main. »Et c’est un succès. 

À travers un système de franchise, 25 sites ont depuis ouvert sur tout le territoire, dans lesquels « toutes les formations sont similaires : des chantiers encadrés par des spécialistes, des rencontres avec des artisans, et un peu de théorie ». L’éventail de formations est large : de garde forestier à agriculteur bio, en passant par technicien en panneaux photovoltaïques ; des métiers en pénurie de main-d’œuvre.

Un public élargi et diversifié

La grande majorité des écoles du réseau se sont implantées loin des grandes agglomérations, dans ce que Frédérick Mathis appelle « des zones périrurales ». « C’est un choix délibéré, confie-t-il. Ça a un impact d’être au milieu de la nature, de sortir des quartiers. Ce sont aussi des villes-dortoirs qu’on a eu envie de redynamiser. »

L’école fait le pari d’une mixité sociale, géographique et de genre. Ainsi, « 75 % de nos élèves sont soit sans emploi, soit en décrochage scolaire et sans diplôme, constate-t-il. Mais désormais, nous accueillons également des gens qui ont fait Sciences Po et sont en crise de sens, des adultes en reconversion, ou des demandeurs d’asile. »

Objectif 2027

Avec 35 salariés et un taux d’insertion de 76 %, le réseau a trouvé la stabilité et peut se projeter dans l’avenir. Frédérick Mathis espère atteindre les 60 écoles sous la bannière « Etre » d’ici à 2027. 

Au-delà de ce bilan chiffré, c’est surtout une certaine approche de la pédagogie qu’il veut faire perdurer.
« Ce qui nous motive, c’est la question de la confiance, affirme-t-il. Ces jeunes sont souvent considérés comme des sans voix. À la fin de la formation, ils nous disent qu’on leur a redonné confiance en eux, et c’est ça le plus beau. »

© C I E M / Mathieu Yerle


Frédérick Mathis est l’auteur de J’ai rêvé d’une école, publié en août 2024 aux éditions Calmann-Lévy.


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