Visionner des contenus pornographiques sur son smartphone, tout le monde le fait. S’il est tout à fait normal de s’intéresser au sexe, il faut bien garder en tête que ce n’est que du cinéma : les relations sont bien différentes dans la réalité.
Le succès de la pornographie n’est pas nouveau, mais avec le smartphone que l’on garde dans sa poche toute la journée, à la maison et à l’école, il est encore plus facile d’y accéder ; d’autant que les parents ne peuvent que difficilement contrôler. Si le visionnage peut être volontaire, comme c’est le cas de Timéo, 17 ans, qui dit « aller sur les sites gratuits quelques fois par mois pour passer un bon moment », il peut aussi être subi : « Je suis tombée dessus avec des copines en traînant sur internet et nous avons regardé par curiosité mais c’était violent », raconte Elina, 16 ans. Selon un sondage commandé par l’Observatoire de la parentalité et de l’éducation numérique (Open) en 2017, l’âge moyen de la première exposition à la pornographie est de 14 ans et 5 mois. Les 15 à 17 ans sont de plus en plus nombreux à consommer ces contenus puisque 51 % ont déjà surfé sur un site porno en 2017 contre 37 % en 2013. Maëlle Challan-Belval, auteure de l’ouvrage Osez en parler ! (Interéditions) qui anime des séances autour de la vie affective et sexuelle auprès des jeunes, constate aussi ce phénomène sur le terrain : « Lors des interventions dans les classes, les ados posent désormais des questions très précises et nous interrogent sur les pratiques sexuelles qui ont du succès dans les films. »
Un impact sur sa future vie sexuelle
Le porno est pourtant très différent de la réalité. C’est une fiction qui diffuse une représentation parmi d’autres de la sexualité, et c’est bien là le souci quand on est ado. « La pornographie influence la vision que l’on a de la vie sexuelle, impose des fantasmes et bride la créativité, estime Maëlle Challan-Belval. Or, on n’a pas toujours les moyens de mettre à distance, de “digérer” ce que l’on voit. Le risque est de reproduire un rapport sexuel type sans prendre en compte ses propres préférences et celles de son ou de sa partenaire. » Un autre phénomène, proche de l’addiction, alerte de plus en plus les spécialistes. « Les jeunes regardent beaucoup de porno, y pensent toute la journée et ensuite culpabilisent », constate l’auteure. Si vous êtes dans ce cas ou si vous souhaitez échanger sur ce que vous avez vu, l’important est de trouver une personne de confiance pour en parler. « On peut se tourner vers un CPE, une infirmière, un professeur, conseille Maëlle Challan-Belval. Il est aussi possible de dialoguer avec ses parents si l’on se sent à l’aise. » Un professionnel qui intervient dans le cadre des séquences d’éducation à la sexualité à l’école peut également répondre aux questions. « Il est parfois plus facile d’aborder ces sujets avec un adulte qu’on ne reverra pas, confirme Maëlle Challan-Belval. Dans ces échanges, l’enjeu est de remettre le porno à sa place – c’est normal de s’y intéresser mais c’est conçu pour les adultes –, de travailler son esprit critique et d’élargir le débat sur d’autres questions : l’amitié garçon-fille, les relations amoureuses, l’orientation sexuelle, le consentement, la pudeur… »
© C i E M / Léa Vandeputte
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