Liée au tabagisme, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) se manifeste généralement par une toux récurrente et un essoufflement important chez les personnes âgées de 40 à 50 ans, âge où certains déclenchent un asthme tardif. Pour cette raison, les deux maladies sont parfois confondues alors qu’elles sont différentes et ne se traitent pas de la même façon.
Peu connue du grand public, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) touche pourtant plus de 3,5 millions de personnes en France et provoque 16 000 à 18 000 décès chaque année. Essentiellement due au tabac, cette maladie respiratoire évolutive et irréversible est de plus en plus fréquente chez les femmes, notamment en raison de l’augmentation du tabagisme féminin.
Au fil des années, la fumée de cigarette entraîne une inflammation des voies aériennes supérieures qui provoque un épaississement des parois et une hypersécrétion de mucus. Peu à peu, les bronches s’obstruent et les alvéoles pulmonaires qui permettent les échanges gazeux lors de la respiration sont progressivement détruites (emphysème). D’autres facteurs peuvent aussi expliquer l’apparition de la maladie : c’est le cas de l’exposition professionnelle à des substances chimiques (silice, poussière de charbon) ainsi que les infections récurrentes des voies respiratoires au cours de l’enfance.
Réactions inflammatoires distinctes
Les premiers symptômes (toux, expectorations fréquentes, bronchites chroniques et essoufflement) apparaissent autour de 40-50 ans, au moment où se déclenche généralement l’asthme tardif. Les deux maladies peuvent alors être confondues, surtout en cas d’essoufflement important. Pourtant, si les deux affections sont d’origine inflammatoire et qu’elles peuvent parfois être associées, il ne s’agit pas des mêmes mécanismes : « dans l’asthme, la réaction inflammatoire est immédiate et rapide », explique le docteur Jean-Philippe Santoni, pneumologue membre de la fondation du souffle (Lesouffle.org). C’est la rencontre du terrain allergique du patient avec un allergène (acariens, pollens…) qui déclenche la crise. La muqueuse bronchique s’enflamme brutalement, elle s’épaissit en quelques minutes et produit du mucus qui encombre les voies aériennes. Les bronches se contractent, ce qui rétrécit leur calibre et rend la respiration difficile. « Dans la grande majorité des cas, il n’y a pas d’inflammation entre ces crises, précise le docteur Santoni. L’inspiration et l’expiration redeviennent normales et le patient n’est pas essoufflé. Dans la BPCO, l’inflammation des bronches est au contraire chronique et l’essoufflement persistant. »
Examens du souffle
En cas de doute cependant, ce sont les examens du souffle (exploration fonctionnelle et respiratoire) qui permettront de poser le diagnostic et d’adapter le traitement. Pour l’asthme intermittent, un bronchodilatateur, utilisable à la demande et ajouté à l’éviction de l’allergène, suffira. Si l’asthme est persistant, un traitement de fond quotidien, à base de corticoïdes inhalés s’imposera. Dans tous les cas, le patient doit toujours avoir sur lui un bronchodilatateur de courte durée d’action pour la crise aiguë. Le traitement de la BPCO consiste à arrêter de fumer (c’est aussi la principale mesure de prévention). Plusieurs bronchodilatateurs et les corticoïdes par voie inhalée sont également indiqués, associés à une réhabilitation respiratoire et à de l’exercice physique. Seules ces mesures permettront d’enrayer l’apparition de handicaps plus graves nécessitant une oxygénation permanente au long cours.
© C i E M / Delphine Delarue