1/5 Et la contraception masculine dans tout ça ?
Trois questions au Dr Antoine Faix, urologue et andrologue, ancien responsable du Comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’Association française d’urologie (AFU).
Aujourd’hui, où en est-on de la pilule masculine ?
A. F. Dans le monde, il n’y a actuellement aucun moyen de contraception masculine médicamenteuse hormonale ou non-hormonale qui a l’autorisation de mise sur le marché. Des études existent sur la contraception hormonale à base de testostérone ou d’une association de testostérone et de progestérone, sur des immunocontraceptifs, sur des vaccins anti-spermatozoïdes. Mais, à ce jour, aucun n’a prouvé avoir suffisamment d’efficacité et des risques acceptables. En revanche, il existe deux moyens disponibles et validés : le préservatif, qui présente l’avantage d’être un garant contre les infections sexuellement transmissibles, et la vasectomie.
Les slips chauffants et anneaux thermiques sont-ils vraiment efficaces ?
A. F. Ce sont des moyens de contraception thermiques disponibles, mais qui ne sont pas validés scientifiquement. Le principe de ces méthodes est de chauffer les testicules, éventuellement en les remontant en positon inguinale [entre l’abdomen et le scrotum, NDLR]. Pour 60 à 80 % des hommes qui les utilisent, la qualité du sperme diminue au bout de trois à six mois. Mais ces méthodes sont contraignantes : il faut porter le slip ou l’anneau 15 heures par jour minimum (si possible en évitant la nuit) et attendre 3 à 6 mois pour avoir une baisse du taux de spermatozoïdes. Par ailleurs, le fait de chauffer les testicules peut générer une anomalie des spermatozoïdes, ce qui a pour conséquence, en cas de grossesse due à l’échec de la contraception, d’augmenter le risque de malformation fœtale. Et enfin, la réversibilité peut prendre 3 à 6 mois. Il demeure des interrogations et nous manquons encore de recul. Il s’agit donc de méthodes expérimentales.
Quelles sont les évolutions à venir ?
A. F. Des mouvements féministes et masculinistes prônent l’égalité de la charge de la contraception dans le couple. C’est une bonne chose, mais nous n’avons pas les mêmes outils chez l’homme et chez la femme. Le sociétal va plus vite que le scientifique. Il faut que des essais avec des volontaires soient menés sur la contraception médicamenteuse et thermique, ce qui prendra quelques années. La vasectomie réversible est aussi une voie de recherche intéressante. Au lieu de couper le canal déférent, on y injecterait un gel qui pourrait se résorber au bout de quelques années ou en instillant un antidote. Ce processus serait peut-être plus rapidement disponible.