Plus de la moitié des femmes ont un autre nourrisson dans les cinq années qui suivent l'enfant sans vie.

Décès d’un nouveau-né : une femme sur deux a un autre enfant dans les cinq ans

Certaines familles sont confrontées au décès de leur enfant à la naissance ou juste après. Mais ce drame ne signifie pas nécessairement l’absence totale de maternité. Plus de la moitié des femmes concernées a un autre nourrisson dans les cinq années qui suivent.

L’Institut national d’études démographiques (Ined) s’est intéressé à un sujet sensible : celui du décès des nouveau-nés et plus particulièrement des enfants sans vie. Ce terme désigne un enfant mort-né (accouchement spontané, interruption médicale de grossesse ou fausse couche tardive) ou un enfant né vivant mais non viable.

Le nombre d’enfants sans vie en France est d’environ 19 pour mille femmes, soit un peu plus de 10 pour 1 000 naissances vivantes. Ces chiffres sont stables depuis plusieurs années. Mais, ils cachent des fluctuations en grande partie dues aux changements de la définition du terme enfant sans vie.

Une définition de l’enfant sans vie qui a évolué

Celle-ci s’est en effet transformée au fil du temps. La notion a été introduite pour la première fois en 1806 dans le Code civil napoléonien. Cependant, elle ne permet pas alors de distinguer « un enfant né vivant, mais décédé avant la déclaration à l’état civil, d’un enfant sans vie à la naissance », explique l’Ined. En 1993, la loi précise qu’un enfant est considéré comme « sans vie » à partir de 180 jours de grossesse, soit 28 semaines d’aménorrhée (SA).

Puis, en 2001, la France décide d’adopter la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le critère de viabilité est fixé à 500 g de poids minimal et/ou à une durée de gestation d’au moins 22 SA. Mais en 2008, ces critères sont abandonnés. Un certificat médical est désormais délivré en cas d’accouchement spontané provoqué par interruption médicale de grossesse (IMG), ou de fausse couche tardive (entre 15 et 22 SA), s’il y a recueil d’un corps formé. Enfin, depuis 2009, les parents ont la possibilité de donner un prénom et un nom à l’enfant sans vie. Ils peuvent aussi l’inscrire dans le livret de famille. Il n’y a cependant pas de lien de filiation.

Des périodes plus à risque

L’étude de l’Ined met en lumière les périodes de la vie où les femmes sont les plus à risque de donner naissance à un enfant sans vie. Ils sont plus élevés aux extrémités de la période féconde et surtout à sa fin.

Avant l’âge de 18 ans, la proportion d’enfants sans vie se situe entre 1 et 2 % (contre environ 1 % entre 20 et 40 ans). Au-delà de 30 ans, elle augmente progressivement jusqu’à atteindre, à l’approche de la ménopause, vers 45 ans, entre 1,5 % et 4,5 %.

Les principales causes sont les complications lors de l’accouchement, les infections et maladies maternelles, le retard de croissance du fœtus mais aussi l’âge de la mère et son état de santé. Malgré tout, 30 à 50 % des cas restent sans explication. Ce dernier point la nécessité de poursuivre les recherches pour mieux comprendre les origines de ce phénomène complexe.

L’espoir d’un nouvel enfant

Toutefois et contrairement à une idée reçue, ce drame ne marque pas la fin de la vie féconde. L’étude révèle ainsi que dans le deuxième semestre suivant le décès de l’enfant, plus d’une femme sur dix connaît une nouvelle naissance. Après deux ans, elles sont 40 %. Et plus de la moitié des femmes ont un enfant vivant dans les cinq années.

Cette donnée porte un message d’espoir pour celles qui traversent ce drame. Elle montre également l’importance de l’accompagnement médical et psychologique pour aider les femmes à envisager une nouvelle grossesse.

Quelles évolutions ?

L’Ined s’est interrogé sur les évolutions probables du nombre d’enfant sans vie dans les années à venir. D’un côté, le report des naissances à des âges plus avancés, le recours croissant à l’assistance médicale à la procréation (AMP) et l’évolution des techniques médicales « et donc la propension à les considérer comme viables de plus en plus tôt pendant la grossesse », pourraient l’augmenter.

De l’autre, les progrès de la médecine pourraient réduire les risques. Le développement de techniques pour sauver plus de prématurés (lire notre article) pourrait entraîner une baisse du nombre d’enfants sans vie.

Vers une reconnaissance accrue de l’enfant sans vie

En parallèle, de plus en plus de parents demandent une reconnaissance symbolique des enfants sans vie. Ils leur attribuent un prénom et d’un nom afin d’affirmer leur place dans la famille et dans la société. Cette reconnaissance est également de plus en plus effective chez les professionnels de santé. Les auteurs de l’étude notent ainsi un « processus d’individuation et de personnalisation de l’enfant sans vie ».

© C i E M / Léa Vandeputte


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