Des solutions innovantes permettent de contrôler et d’améliorer notre vue. Détails et avis d’un ophtalmologue.
Des verres pour freiner la myopie
En 2050, 50 % de la population mondiale sera myope, en raison notamment de l’utilisation des écrans par les enfants, trop peu exposés à la lumière du jour.
Des verres correcteurs permettent de prévenir l’élongation de l’œil à l’origine de cette pathologie et d’ainsi freiner de plus 60 % sa progression chez les plus jeunes, selon les études de fabricants. « Avec ces verres de freination, la myopie d’un enfant évolue beaucoup moins malgré les facteurs environnementaux actuels : au lieu de 5 dioptries, les enfants n’en perdent que 2,5 par exemple. Ils sont prescrits en fonction des facteurs de risque. Un enfant issu d’une famille de myopes, et qui sort peu, peut se voir conseiller ces verres contrairement à un adolescent sans parents myopes et qui joue au football toute la journée », explique Arnaud Sauer, professeur d’ophtalmologie au CHU de Strasbourg. Seule limite : il faut porter ces verres durant une grande partie de la journée. « Les études concernant ces verres sont basées sur 10 à 12 heures de port par jour durant 5 à 7 jours par semaine », précise le professeur.
Des lentilles de nuit pour corriger l’œil myope
Autre innovation, l’orthokératologie consiste à porter des lentilles rigides pendant la nuit pour freiner l’évolution de la myopie tout en évitant d’en porter pendant la journée. Si cette technique fondée sur la modification transitoire de la courbure de l’œil n’est pas nouvelle, elle a progressé ces dernières années. Elle est particulièrement adaptée aux petites et moyennes myopies. « L’orthokératologie est intéressante pour les personnes qui ne doivent pas porter de lentilles durant la journée comme certains métiers exposés à la poussière (boulangers, ouvriers du bâtiment…). Les dernières études révèlent aussi que ces lentilles freinent la myopie mais uniquement durant le temps de port : à l’arrêt du port, un rattrapage de la myopie se produit (effet rebond). Autre limite, cette technique ne fonctionne pas pour les myopies importantes. Le risque infectieux demeure plus élevé avec ces lentilles de nuit et un certain inconfort est possible, mais le matériau est bien plus performant aujourd’hui », détaille l’ophtalmologue.
Des applications pour dépister
Venue des États-Unis, l’application GlassesOff propose 12 minutes d’exercices visuels à réaliser un jour sur deux pendant trois mois pour corriger la presbytie. Une autre application à l’état de prototype, Peek Vision, promet de déceler les cataractes, de contrôler la rétine, de tester l’acuité visuelle et la perception des couleurs. Développée par deux ophtalmologues, elle semble pleine de promesses, parfois un peu vaines pour le Pr Sauer. « Ces applications peuvent être utiles en termes de dépistage, pour permettre aux patients de réaliser qu’ils ont des troubles de la vision, surtout quand elles sont associées à l’intelligence artificielle. Le versant thérapeutique me semble en revanche survendu. Comme le yoga des yeux, certaines applications peuvent être efficaces au début de la presbytie ou en cas de fatigue oculaire mais quand la presbytie est installée, elles semblent moins indiquées », explique-t-il.
Un jeu vidéo pour surveiller la DMLA
OdySight, jeu gratuit pour smartphones et tablettes, s’adresse aux patients souffrant de maladies chroniques de la rétine comme la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) ou la rétinopathie diabétique. Il leur permet de tester leur acuité visuelle tous les 3 ou 4 jours, pendant un quart d’heure. Les résultats sont transmis à leur ophtalmologue qui peut, en cas de besoin, leur proposer un rendez-vous rapidement. « Cet outil de dépistage est intéressant, d’autant qu’il utilise notamment la grille d’Amsler des professionnels. Il est ludique et permet de faire un prédiagnostic rapide », conclut le professeur Sauer.
© C i E M / Violaine Chatal