Des drones pour transporter des échantillons biologiques

Et si les drones pouvaient être une solution plus efficace pour déplacer, d’un point A à un point B, des échantillons médicaux ? C’est l’idée qui est actuellement testée notamment entre les hôpitaux de Maubeuge et de Valenciennes (59).

Un drone volant vers un laboratoire avec, à son bord, des échantillons de sang, d’urine, de selles, ou encore de liquide céphalorachidien, pour les faire analyser au plus vite : ce sera bientôt une réalité. C’est en tout cas ce qu’espère le groupement de coopération sanitaire Sambre-Hainaut-Artois biologie (Shab), composé de six centres hospitaliers et de trois cliniques médico-chirurgicales. Son projet, baptisé Air Shab, a pour objectif de relier le centre hospitalier de Maubeuge à celui de Valenciennes qui centralise une partie des activités d’analyse biologique. Une première phase d’expérimentation a été réalisée avec succès en octobre 2023. « Elle a permis d’effectuer trois allers-retours entre les deux sites, de nuit et, pour le moment, sans échantillon », indique Pierre Houssin, pilote du projet et responsable qualité et métrologie.

Des drones autonomes

À terme, les échantillons seront placés dans une mallette de transport adaptée, elle-même insérée dans un coffre du drone. Puis ce dernier sera lancé via une application. L’engin utilisé vole à une vitesse de 100 km/h et dispose de 3 kg de charge utile, « ce qui est largement suffisant pour transporter nos échantillons ». Autonome, il reste dans un couloir aérien bien défini. « Il ne peut pas survoler les zones densément peuplées ou les prisons par exemple, et il faut éviter les lignes à haute tension ou les éoliennes, explique Pierre Houssin. Le drone, assisté par ordinateur, suit un trajet très précis, entre 100 et 120 mètres d’altitude, définit en accord avec l’Aviation civile et des zones d’atterrissage d’urgence sont prévues en cas de besoin. La sécurité est une priorité. »

Plus rapide et plus écologique

Ce mode de transport présente de nombreux avantages. « Le service médical rendu est très positif, considère Pierre Houssin. Tout d’abord en termes de délai – le trajet dure 25 min en drone contre 40 min par la route – et ensuite de prévisibilité – il n’y a pas d’embouteillages. » Mais ce n’est pas tout. « Nous avons estimé que le drone réduit l’impact carbone de cette activité de 93 % », ajoute-t-il. Enfin, il est moins onéreux : « Les gains financiers par rapport au transport routier ne sont pas négligeables. » Toutefois, il existe une limite à l’utilisation du drone : la météo. Un vent supérieur à 45 km/h rend le décollage impossible. « Dans notre région, nous pourrions tout de même le faire voler 95 % du temps, estime Pierre Houssin. L’autre point de vigilance est le givre mais aujourd’hui des évolutions sont en cours pour permettre le dégivrage des ailes. »

Les expérimentations se poursuivent

Une seconde phase d’expérimentation devrait permettre de réaliser des vols de jour et avec des échantillons, cette fois-ci. Au total, 27 rotations sont prévues. Un dossier d’autorisation a été déposé auprès de la Direction de la sécurité de l’aviation civile et les tests devraient pouvoir se dérouler en ce mois d’octobre ou en novembre. S’ils s’avèrent concluants, la ligne Maubeuge-Valenciennes pourrait être opérationnelle au 2e trimestre 2025. Pierre Houssin et le Shab ne comptent pas s’arrêter là : « Nous étudions la possibilité d’ouvrir d’autres lignes entre les différents sites du groupement. Actuellement une dizaine d’expérimentations comme la nôtre sont en cours en France. Nous sommes en relation avec les hôpitaux qui les mènent et nous partageons nos expériences. La mise en œuvre est en bonne voie et nous pouvons déjà imaginer des développements comme le transport de poches de sang, de chimiothérapies ou encore de médicaments. »

© C I E M / Léa Vandeputte


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