Pour lutter contre les déserts médicaux, les initiatives de médecine mobile se multiplient, à l’instar du Doctobus qui circule dans l’agglomération d’Évreux.
«L’idée de ce Doctobus est née du constat que sur notre territoire 15 % des assurés sociaux de plus de 16 ans, soit 13 000 personnes, n’avaient pas de médecin traitant et qu’il manquait en outre un service de proximité pour des personnes ne pouvant pas se déplacer pour voir un médecin notamment des personnes âgées », explique Emmanuel Roussel, adjoint au maire d’Évreux et conseiller communautaire délégué en charge de la Santé. La mairie d’Évreux s’est inspirée du Médicobus mis en place dans l’Orne. « Cependant, notre dispositif de médecine mobile est différent de celui-ci qui est porté par une CPTS (communauté professionnelle de territoires de santé) et donc a une organisation de professionnels de santé validée par l’Agence régionale de santé (ARS) », indique Emmanuel Roussel. C’est l’agglomération d’Évreux qui a, en effet, porté ce projet et l’a fait valider par l’ARS. « Il nous a fallu trouver un bus, qui est en l’occurrence un camping-car, des médecins, se doter de tous les moyens pour faire assurer la télétransmission », raconte l’adjoint au maire. Ce Doctobus est opérationnel depuis mars 2023, après deux ans et demi de travail !
Assurer un service de santé de proximité
Le Doctobus fonctionne avec six médecins salariés de l’agglomération : cinq médecins en retraite qui assurent une demi-journée ou une journée de consultation et un médecin urgentiste. Ce dernier travaille 80 % de son temps à l’hôpital et 20 % pour le Doctobus. Tous sont salariés de l’agglomération. Ce dispositif a pour vocation d’offrir des consultations de médecine générale de soins non programmés cinq jours par semaine. « C’est un dispositif de soin aigu avec un besoin de rendez-vous médical dans les 48h/72h », précise Emmanuel Roussel. Ce centre de santé intercommunal itinérant dessert huit communes avec une rotation toutes les deux semaines : « Le but était d’aller au plus près des territoires loin d’Évreux ».
Doctobus, mode d’emploi
Les personnes qui souhaitent consulter mais n’ont pas de médecin traitant appellent un numéro de téléphone unique. « La demande est traitée par un secrétariat qui la transfère à une plateforme de régulation, la même qui gère le Médicobus de l’Orne : la Cellule de coordination des soins non programmés (CCSNP). Si cela relève de l’urgence, la personne est redirigée vers le service des urgences. Lorsque la demande est assez basique, c’est vers une téléconsultation en cabine que l’on renvoie », indique Emmanuel Roussel. Dans tous les autres cas, un rendez-vous est proposé avec le Doctobus. « Cette plateforme d’orientation permet de garantir des délais de consultation raisonnables », souligne Emmanuel Roussel.
© C i E M / Anne-Sophie Glover-Bondeau
100 médicobus sur les routes de France
Le plan d’action « pour des solutions concrètes d’accès aux soins dans les territoires », présenté le 13 juillet dernier par le Gouvernement, vise à permettre à plus de 2 millions de Français supplémentaires d’avoir accès à un médecin. Parmi les propositions pour lutter contre la désertification médicale, on retrouve le développement de maisons pluriprofessionnelles de santé mais aussi le déploiement de 100 médicobus d’ici la fin de l’année 2024 que l’État financera à hauteur de 30 % à 50 %.