L’Agence de la biomédecine a décidé de communiquer sur un sujet sensible : la mort encéphalique ou « mort cérébrale » qui, bien que rare, permet de réaliser la grande majorité des prélèvements d’organes en vue de greffes. L’objectif est d’informer le plus grand nombre afin de limiter l’opposition au don.
On le sait, donner ses organes après son décès permet de sauver des vies. Mais parfois, certaines personnes peuvent avoir des réticences à effectuer ce geste généreux et c’est notamment le cas des personnes qui ont un parent en état de mort encéphalique. Pour mieux faire comprendre ce que cet état signifie et s’assurer de la bonne compréhension de la situation par les proches des défunts, l’Agence de la biomédecine a décidé d’informer sur ce sujet délicat.
Un arrêt du cerveau
La mort encéphalique, aussi appelée mort cérébrale, intervient lorsque le cerveau s’arrête de fonctionner. La perte des fonctions cérébrales vitales entraîne alors un arrêt cardiorespiratoire – il n’y a plus de respiration et le cœur ne bat plus –, ce qui conduit au décès. « La cause est généralement une compression par œdème ou par une hémorragie cérébrale (accident vasculaire cérébral, traumatisme crânien…) entraînant un phénomène de compression intracrânienne, indique l’Agence de la biomédecine. Le cerveau est directement atteint et sa destruction est définitive. »
Le diagnostic répond à une procédure très précise. Tout d’abord, un examen clinique permet de constater l’absence de conscience, d’activité motrice et de fonction respiratoire notamment. Ensuite, deux électroencéphalogrammes (EEG) à 4 heures d’intervalle sont réalisés pour vérifier l’absence d’activité électrique dans le cerveau. C’est seulement à l’issue de ces différents examens que le diagnostic est posé et qu’un procès-verbal est rédigé par deux médecins ainsi qu’un certificat de décès.
Maintenir l’oxygénation des organes pour le don
« La mort encéphalique est assez rare : environ 1 % des décès à l’hôpital, soit 5 000 cas par an en France, explique l’Agence. Mais cette poignée de décès représente jusqu’à 80 % des possibilités de prélèvement d’organes. » C’est pour cela que les équipes médicales mettent en place, après la constatation du décès, des techniques de réanimation. Le but est « de maintenir, pendant une durée limitée de temps, une fonction circulatoire qui permette l’oxygénation des organes (par ventilation mécanique et stimulation cardiaque) », précise l’Agence de la biomédecine, avant d’ajouter : « Le maintien artificiel de l’activité cardiaque après la mort permet en effet de perfuser et d’oxygéner les organes et de les maintenir en état en vue d’une éventuelle transplantation. »
Une situation difficile pour les proches
Mais cette réanimation artificielle peut être compliquée à appréhender pour les proches, « car le corps du défunt en état de mort encéphalique est encore chaud et coloré, constate l’établissement public. Ce n’est donc ni un mort tel qu’on se le représente habituellement, avec un corps pâle, froid, immobile ; ni une personne “dans le coma”, susceptible de retrouver la conscience. Les fonctions vitales sont détruites irréversiblement, la personne est décédée, et le maintien d’une activité cardiorespiratoire n’est possible que pendant quelques heures, grâce à l’assistance de machines et l’administration de médicaments par voie intraveineuse. »
Or, ce sont les proches qui sont appelés à témoigner auprès de l’équipe médicale d’une éventuelle opposition au don d’organes que le défunt aurait exprimée de son vivant. Même si en France la loi indique que nous sommes tous donneurs d’organes et de tissus, les équipes médicales doivent vérifier, avant de rechercher un éventuel receveur compatible, l’absence de refus qu’il soit inscrit sur le registre dédié ou qu’il ait été écrit ou prononcé devant témoin. D’où l’importance d’informer les familles des défunts sur sa signification, sur son diagnostic et sur ses conséquences car « L’enjeu est de taille : pour une personne qui décède en mort cérébrale et qui peut être prélevée en vue de greffes, ce sont jusqu’à sept vies sauvées », rappelle l’Agence de la biomédecine.
© C i E M / Léa Vandeputte