Le nombre de victimes de violences conjugales augmente en France, atteignant 271 000 cas recensés en 2023. Cette hausse, bien que préoccupante, reflète aussi une plus grande prise de conscience sociale de ce fléau.
En 2023, la France a enregistré 271 000 victimes de violences conjugales, selon les données publiées par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI). Un chiffre en hausse de 10 % par rapport à l’année précédente, et qui a même doublé depuis 2016. Si ces chiffres sont alarmants, ils témoignent aussi d’une évolution positive : la société semble plus sensibilisée aux violences conjugales.
Une plus grande propension à porter plainte
En 2022, le nombre de victimes déclarées avait déjà augmenté de 15 % par rapport à 2021. Toutefois, selon le SSMSI, cette hausse ne traduit pas nécessairement une recrudescence de la délinquance, mais plutôt un phénomène de « libération de la parole » et un changement dans le rapport des victimes à la justice. Ces progrès semblent ainsi avoir « profité davantage aux faits anciens qu’aux faits les plus récents ». En effet, le taux de plaintes pour des faits antérieurs à l’année d’enregistrement passe de 19 % en 2016 à 29 % en 2022, précise le site Vie publique.
Plus de 8 victimes sur 10 sont des femmes
Les femmes restent de loin les principales victimes de violences conjugales, représentant 85 % des cas enregistrés. Ce chiffre grimpe même à 97 % pour les violences sexuelles. La plupart des victimes de violences physiques et psychologiques sont âgées de 20 à 45 ans. Toutefois, des cas concernent également les moins de 20 ans (lire à ce sujet notre article sur les chiffres des adolescentes victimes de violences conjugales) ou les plus âgés (plus de 60 ans).
Les hommes, quant à eux, sont responsables de 86 % des actes de violences conjugales. Leur profil est légèrement plus âgé que celui des victimes.
En outre, à l’échelle nationale, on dénombre 4 victimes de violences conjugales pour 1 000 habitants. Un taux moyen qui s’élève jusqu’à 10,6 pour mille chez les femmes de 15 à 64 ans, lesquelles représentent 83 % des victimes.
Des violences principalement physiques
Bien que le nombre de plaintes ait augmenté, la répartition des types de violences n’a quant à elle pas connu de bouleversement majeur. La grande majorité des violences recensées en 2023 restent de nature physique, à 64 %. Elles sont suivies des violences psychologiques ou verbales, à 32 % et des violences sexuelles, à 4 %, dont 82 % de viols ou tentatives.
Les départements du Nord particulièrement concernés
Les violences conjugales ne se distribuent pas de manière homogène sur le territoire français. Ainsi, le taux de victimes pour 1 000 habitants est de 7,5 dans les communes rurales, mais grimpe à 13,4 dans les villes de 50 000 à 100 000 habitants. Par ailleurs, les départements comme le Pas-de-Calais, la Somme, le Nord, mais aussi la Seine-Saint-Denis et La Réunion figurent parmi ceux enregistrant les taux les plus élevés, dépassant les 14 victimes pour 1 000 habitants. Avec une pointe à 15,2 pour le Pas-de-Calais.
Des violences encore invisibles
Reste à noter qu’une part importante de violences demeure ignorée. Les statistiques des victimes de violences conjugales sont souvent plus élevées que celles des plaintes enregistrées. Selon l’enquête statistique nationale Vécu et ressenti en matière de sécurité en 2022, 9 adultes sur 1 000 se sont déclarés victimes de violences conjugales, mais seules 14 % d’entre elles ont déposé plainte. Et 26 % chez les femmes victimes de violences physiques. Cela montre que beaucoup de victimes de violences conjugales ne font pas appel à la justice, et qu’une part importante de violences reste encore invisible.
© CIEM / Constance Périn