Les pharmaciens peuvent donner des antibiotiques pour soigner une angine ou une cystite.

Les pharmaciens peuvent désormais délivrer certains antibiotiques

Depuis le 19 juin, les pharmaciens peuvent donner, sans ordonnance, des antibiotiques pour une angine ou une cystite. Ils devront toutefois remplir un certain nombre de conditions.

Les pharmaciens ont une nouvelle corde à leur arc. Ils peuvent désormais délivrer des antibiotiques sans ordonnance aux patients qui souffrent d’une angine ou d’une cystite (infection urinaire). Les modalités de cette nouveauté, prévue dans la loi de financement de la Sécurité sociale de 2024, ont été précisées dans l’arrêté du 17 juin 2024. Le dispositif est entré en vigueur le 19 juin.

Réaliser d’abord un test rapide d’orientation

Concrètement, le patient qui se plaint de symptômes comme un mal de gorge ou une douleur à la miction pourra se rendre directement en officine. Le pharmacien lui posera une série de questions afin de vérifier que la situation ne nécessite pas une consultation avec un médecin.

Ensuite, il pourra lui proposer de réaliser un test rapide d’orientation diagnostique (Trod). Celui-ci permet de s’assurer de l’origine bactérienne de la maladie. Pour une suspicion d’angine, il s’agit d’un prélèvement avec un écouvillon au fond de la gorge. Pour une cystite, il se présente sous la forme d’un flacon dans lequel la patiente devra uriner. Le professionnel de santé y plongera ensuite une bandelette réactive. Cette possibilité de réaliser un test pour une infection urinaire était d’ailleurs déjà offerte depuis quelques mois (lire notre article).

Un traitement antibiotique adapté

S’il s’agit bien d’une angine bactérienne ou d’une cystite simple, le pharmacien est autorisé à délivrer un traitement antibiotique. Il doit bien sûr proposer une posologie adaptée et vérifier qu’il n’y a pas de contre-indication pour le patient. « Les médicaments […] sont pris en charge par l’Assurance maladie dans les conditions habituelles, sous réserve qu’ils soient inscrits sur la liste des spécialités remboursables », précise Service-public.fr.

Enfin, le pharmacien doit remettre une attestation de délivrance au patient. Il doit également inscrire cet acte dans son dossier médical partagé (DMP). Si cela n’est pas possible, il transmettra une attestation au médecin traitant « via la messagerie sécurisée de santé ».

Des conditions strictes d’application

Pour pouvoir délivrer des antibiotiques, le pharmacien doit répondre à plusieurs obligations. Il doit avoir suivi une formation spécifique. Il est alors habilité à traiter les personnes âgées de plus de 10 ans pour une angine et les femmes de 16 à 65 ans pour une cystite. Mais ce n’est pas tout. L’officine dans laquelle il exerce doit posséder une salle dédiée à l’accueil des patients et des sanitaires. Elle doit aussi être équipée d’un matériel adapté (tensiomètre, thermomètre, pèse-personne…).

Objectif : faciliter l’accès aux soins

Cette mesure s’inscrit dans la lignée de celles déjà prises pour alléger la tâche des médecins dans un contexte de désertification médicale. Son objectif est donc de favoriser l’accès aux soins.

Et cette extension des compétences des pharmaciens est très bien acceptée par la profession. « C’est une envie, mais c’est aussi un besoin en fait, explique Philippe Besset, président de la Fédération des pharmaciens d’officine, à France info. Nous éconduisons un nombre trop important de patients qui viennent à nous pour demander cette prise en charge, pour que nous ne soyons pas moteurs dans cette démarche. »

En revanche, les médecins s’avèrent plus dubitatifs comme Luc Duquesnel, président de la branche généraliste de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). Sur X, il juge le dispositif « inutile », « dans des endroits où il y a des organisations coordonnées qui fonctionnent avec des protocoles » ou « des territoires où existe le SAS [service d’accès aux soins, NDLR] ».

© C i E M / Léa Vandeputte