Alors que la santé mentale des 11-24 ans est toujours détériorée en 2023, Santé publique France sensibilise les plus jeunes à ce sujet et les encourage à adopter les bons comportements pour favoriser leur bien-être psychique.
Depuis 2020 et la crise liée à la pandémie de Covid-19, la santé mentale des Français s’est globalement dégradée ; et c’est plus particulièrement le cas chez les plus jeunes, c’est-à-dire les adolescents de 11 à 17 ans et les jeunes adultes de 18 à 24 ans. Face à ce phénomène Santé publique France a décidé de s’emparer du sujet et de communiquer auprès de ce public spécifique.
Des troubles psychiques toujours très présents
L’institution constate en effet que le recours aux soins d’urgence pour troubles de l’humeur, idées et gestes suicidaires a fortement augmenté en 2021 puis 2022. « Chez les jeunes de 18-24 ans, la hausse s’est même poursuivie de façon marquée en 2023 », indique-t-elle. La dépression concernait 20,8 % de ces derniers en 2021, contre 11,7 % en 2017.
Les symptômes anxiodépressifs sévères touchaient 9,5 % des adolescents âgés de 17 ans en 2022 (4,5 % en 2017). Ils sont 18 % à avoir eu des pensées suicidaires dans l’année (11 % en 2017). Le Point épidémiologique sur la santé mentale publié ce mois-ci, constate quant à lui un impact de la rentrée scolaire sur le nombre de passages aux urgences et d’acte médicaux réalisés par SOS Médecins. Geste et idées suicidaires, troubles de l’humeur, troubles anxieux ou angoisse restent à des niveaux élevés, comme en 2021 et 2022.
Des freins au bien-être mental
En parallèle, « les jeunes de 18-24 ans se préoccupent en moyenne moins de leur santé mentale ou de leur bien-être (comme de leur santé en général) que leurs aînés », indique Santé publique France. En 2022, 35 % d’entre eux avaient l’impression de ne pas prendre soin de leur santé mentale ou de leur bien-être dont 32 % ne savaient pas comment faire, 29 % n’avaient pas le temps et 25 % ne s’en sentaient pas capables.
Globalement, cette population ose moins parler de santé mentale avec un médecin. Le prix de la consultation, la crainte de ce qu’elle pourrait révéler sur eux-mêmes et la peur du jugement de l’entourage sont les principaux freins cités.
« Les données recueillies depuis 2020 témoignent d’une dégradation de la santé mentale chez les adolescents et jeunes adultes et d’une perception encore taboue de ces problématiques », confirme le docteur Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France (que Mutualistes a interviewée ici).
Inciter à prendre soin de soi
C’est pour cela que l’institution a souhaité communiquer sur l’impact positif des activités de la vie quotidienne et des comportements santé sur la santé mentale, encore méconnus des jeunes. Elle a lancé un dispositif, baptisé « Le fil good », composé de cinq vidéos diffusées sur les réseaux sociaux jusqu’en décembre. Celles-ci mettent en avant les bonnes habitudes qui permettent de prendre soin de sa santé mentale : pratiquer une activité physique quotidienne ; dormir suffisamment et avec des horaires réguliers ; prendre du temps pour des loisirs et/ou un hobby ; aider les autres ; pratiquer la gratitude.
À la fin de chaque vidéo, un message rappelle l’importance de se faire aider en cas de mal-être. Les jeunes sont ainsi invités à appeler la ligne d’écoute Fil santé jeunes (08 00 23 52 36, accessible tous les jours de 9 heures à 23 heures). Ils peuvent aussi consulter le site internet du même nom qui propose notamment un tchat et un annuaire des structures d’aide.
Avec cette campagne, « nous abordons un nouvel axe qui consiste à sensibiliser les jeunes sur les activités et les comportements bénéfiques à leur santé mentale », estime Caroline Semaille, qui conclut : « Promouvoir la santé mentale, prévenir l’apparition de troubles psychiques et lutter contre la stigmatisation sont des enjeux de santé publique sur lesquels nous nous engageons pleinement pour accompagner les adultes de demain. »
© C i E M / Léa Vandeputte