Si tousser est surtout un moyen pour l’organisme de se défendre contre un agent infectieux ou physique, ce peut aussi être le témoin d’une maladie ou d’un dysfonctionnement du réflexe nerveux de toux.
« La toux aiguë, c’est-à-dire qui évolue depuis moins de trois semaines, est le premier motif de consultation en médecine générale », assure le Pr Laurent Guilleminault (CHU de Toulouse). Elle est alors principalement en lien avec une infection virale des voies aériennes supérieures (rhinopharyngite aiguë, grippe, rhume) ou inférieures (pneumonie, laryngite, trachéite, bronchite, bronchiolite, etc.). Si la toux dure ou si elle s’accompagne de fièvre, une consultation médicale s’impose. Pour sa part, la toux chronique est une toux qui évolue depuis au moins huit semaines. Le plus souvent, elle révèle une maladie associée, qu’elle soit cardiaque, pneumologique, nerveuse…
Les maladies ORL et pneumologiques qui font tousser
Une rhinorrhée postérieure (écoulement en arrière de la gorge et non en se mouchant), une sinusite chronique ou allergique sont des troubles ORL qui font tousser. L’asthme, la fibrose pulmonaire, la dilatation des bronches sont des maladies pulmonaires également à l’origine d’une toux chronique.
La bronchite du fumeur, une toux à ne pas banaliser
« Tousser n’est pas normal, même pour un fumeur », alerte le Dr Frédéric Le Guillou, pneumologue et président de l’association Santé respiratoire France. Cela peut cacher une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) qui mène à une insuffisance respiratoire irréversible.
Le reflux gastro-œsophagien (RGO)
La présence d’un reflux acide ou non acide dans l’œsophage entraîne une constriction et une hyperréactivité des bronches. À l’inverse, des quintes de toux peuvent provoquer du reflux, dans 20 % des cas au moins.
La toux, signe d’une insuffisance cardiaque
La toux nocturne peut avoir plusieurs causes, dont l’insuffisance cardiaque. « Elle témoigne de la présence d’un œdème pulmonaire et donc d’une certaine gravité de la maladie, fait remarquer le Pr Damien Logeard, cardiologue (hôpital Lariboisière, Paris). La nuit, la position allongée augmente le retour veineux au cœur, ce qui accroît la pression sanguine dans la circulation pulmonaire et déclenche une toux irritative. »
La toux chronique par excès de sensibilité
Elle concerne avant tout les femmes (70 %). À la suite d’une infection respiratoire, d’une inflammation du bas œsophage, d’un choc psychologique ou d’autres circonstances, le réflexe de la toux est perturbé de façon permanente. Il est réactivé pour des stimuli minimes (rire, parfum, activité physique, stress, changement de température, position couchée…).
Les médicaments qui font tousser
Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) – un traitement de l’hypertension artérielle – sont celui qui fait le plus tousser, comme d’autres médicaments prescrits en cardiologie dont les bêtabloquants, mais de façon moins flagrante.
Quels examens pratiquer ?
Pr Laurent Guilleminault, pneumologue (CHU de Toulouse) et coordinateur du groupe Toux de la Société de pneumologie de langue française (SPLF), résume : « On engage des explorations à visée diagnostique à partir d’une durée de huit semaines. Le patient peut être adressé à un pneumologue qui réalisera une spirométrie (test de mesure de la respiration) et une radiographie de thorax. Le médecin ORL pratiquera pour sa part une nasofibroscopie (exploration de la muqueuse des fosses nasales, du larynx et du pharynx) à la recherche d’une pathologie rhinosinusienne. L’apparition ou la modification d’une toux chronique chez un patient fumeur ou ex-fumeur conduit impérativement à un scanner thoracique (tomodensitométrie thoracique). »
© C i E M / Hélène Joubert