De plus en plus utilisés dans les services hospitaliers, les casques de réalité virtuelle plongent le patient dans des voyages oniriques qui lui permettent d’atteindre un état proche de la méditation. La douleur est ainsi atténuée et les soins sont mieux vécus.
Apaiser le patient grâce à la réalité virtuelle. Encore surréaliste il y a quelques années, cette démarche se développe dans de nombreux hôpitaux en France : que ce soit au Mans, à Lyon, Brest, Lille ou encore Marseille, toutes les équipes s’y mettent. « On sait aujourd’hui que cette méthode permet de réduire considérablement le stress et la douleur », explique Marie-Agnès Huart, cadre de santé au centre Antoine-Lacassagne de Nice. Dans cet établissement de lutte contre le cancer, quatre casques de réalité virtuelle sont utilisés dans les différents services. « Au départ, nous les utilisions uniquement pour tout ce qui est radio-interventionnel, les biopsies par exemple », précise la cadre. Cet acte médical, qui consiste à prélever un fragment de tissu ou d’organe afin de l’analyser au microscope, est particulièrement angoissant. « Même s’il y a des anesthésies locales, le patient a peur d’avoir mal, ajoute Marie-Agnès Huart. La réalité virtuelle lui permet de se détendre. Son attention est déviée et n’est plus focalisée uniquement sur l’intervention. »
Des univers multiples
Comment se déroule une séance ? Concrètement, le casque de réalité virtuelle et le casque audio associé sont installés sur la tête du patient. Ceux du centre Antoine-Lacassagne proposent sept films différents (sortie en mer, balade en montagne, voyage sous-marin ou dans l’espace…). Le patient choisit celui qu’il préfère et se retrouve ainsi plongé dans un univers fictif coupé du monde réel. « La réalité virtuelle a la capacité d’agir directement sur la zone cérébrale où siègent les émotions, explique Marie-Agnès Huart. Elle fonctionne un peu comme l’hypnose, la sophrologie ou la méditation. » Aujourd’hui, le centre niçois utilise cette approche dans de nombreuses indications : en soins de support pour mieux gérer la douleur, pendant les séances de radiothérapie, ou encore avant les interventions chirurgicales afin de diminuer l’appréhension des malades.
Pas de limite
« On s’aperçoit qu’il n’y a pas de limite, explique le docteur Guillaume Baudin, chef du département d’imagerie-radiologie. Dès que le patient est un peu angoissé, par exemple avant la pause d’une perfusion, ou dès que l’on est amené à pratiquer un geste potentiellement générateur de douleur, on l’invite à essayer la réalité virtuelle. » Généralement, les patients sont ravis. D’autant que cette approche permet aussi de réduire les doses de médicaments antalgiques, voire de produits anesthésiants. Pour certaines interventions (comme la mammectomie), l’anesthésie générale a même pu être remplacée par une anesthésie locale. Ce qui permet à la patiente de récupérer plus rapidement.
© C i E M / Delphine Delarue
Le rehab-gaming : des perspectives en matière de rééducation
Venu de l’univers des serious games, le rehab-gaming est un outil utilisé par certains kinésithérapeutes pour la rééducation fonctionnelle. Le patient est projeté dans un jeu virtuel où il doit pratiquer différents exercices adaptés à sa pathologie. Cela peut par exemple être un tapis de marche connecté à un écran qui reproduira une promenade en forêt, afin de travailler les appuis aux sols. D’autres jeux fonctionnent avec des avatars : ces derniers effectuent des exercices que le patient doit suivre tandis qu’un capteur analyse ses mouvements et lui permet de les améliorer. Le rehab-gaming peut être utilisé dans de nombreux domaines : traumatologie du sport, orthopédie, rééducation post-AVC, rhumatologie ou encore pour les lombalgies.