Le programme de recherche participative Citique invite les Français à signaler les piqûres de tiques, sur les humains comme sur les animaux. Il permet d’en savoir plus sur ces petits bêtes et sur les agents infectieux qu’elles peuvent transmettre mais aussi d’améliorer la prévention.
En ce début de printemps, les tiques font leur retour. Ces petites bêtes à huit pattes, de la famille des arthropodes, comme les araignées, se nourrissent de sang humain ou animal. Problème : elles peuvent transmettre des agents infectieux lorsqu’elles piquent.
Pour mieux comprendre ce phénomène et ses conséquences, le programme de recherche participative Citique a été lancé voilà huit ans. Il repose sur la participation active des citoyens.
104 000 signalements depuis 2017
Ce programme est dirigé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) Nancy-Champenoux et l’Université de Lorraine. Grâce à une plateforme en ligne et à une application mobile, chacun peut signaler une piqûre de tique en quelques minutes. Les participants sont également invités à envoyer les tiques au laboratoire Tous Chercheurs de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) à Nancy.
Depuis sa création, Citique a ainsi recueilli plus de 104 000 signalements. Plus de 60 000 tiques ont également été analysées par le laboratoire.
Dans le détail, 75 % des signalements correspondent à des piqûres chez les humains (35 % de femmes et 38 % d’hommes) et 25 % chez les animaux.
Faire attention aux tiques dès le printemps
Les données collectées indiquent que le Grand Est est l’une des régions les plus touchées.
De plus, les tiques récoltées de mars à mai sont plus gorgées de sang que les autres. « Cela suggère qu’elles ont été retirées plus tardivement après avoir piqué (plus de 24 heures), ce qui augmente les risques pour la santé des personnes piquées si les tiques étaient porteuses d’un ou plusieurs agents infectieux », révèle l’Inrae.
Cette situation est probablement due à un manque de vigilance en début de saison. « Ce nouveau résultat plaide pour rappeler l’importance d’adopter des gestes de prévention adaptés dès le début de la période d’activité des tiques, et ce dès le mois de mars en région Grand Est, constate l’institut. Cette recommandation vaut également pour le reste de la France, avec un appel à vigilance encore plus tôt dans des régions plus chaudes. »
Les enfants, une population à risque
Autre enseignement : les 0-5 ans sont plus exposés aux piqûres de tiques. Les chiffres, pondérés en fonction de la démographie, révèlent deux à trois fois plus de signalements chez les enfants que la moyenne nationale. Cette vulnérabilité accrue nécessite une attention particulière.
Par ailleurs, le programme a permis d’apprendre que les espèces de tiques qui piquent les chats et les chiens peuvent aussi piquer les humains.
Entre 2017 et 2024, 49 % des piqûres ont eu lieu en forêt, 23 % dans les jardins et 4 % à l’intérieur du domicile.
De plus, sur plus de 2 000 tiques étudiées, 29,9 % étaient porteuses d’un agent potentiellement pathogène. Elles étaient 14,5 % à avoir la bactérie responsable de la maladie de Lyme. Aussi appelée borréliose de Lyme, cette pathologie est la plus fréquente transmise par les tiques. Elle entraîne une manifestation cutanée (érythème) sur le site de la piqûre. La maladie peut ensuite évoluer vers des manifestations neurologiques ou articulaires, notamment.
Des gestes simples pour se protéger
Pour prévenir les piqûres de tiques, il est essentiel d’adopter des gestes simples. Porter des vêtements couvrants et utiliser des répulsifs sont des mesures efficaces. Il est aussi conseillé d’inspecter sa peau et celle de ses enfants après une sortie en plein air. Une attention toute particulière doit être portée aux aisselles, plis du genou, nombril, organes génitaux, cuir chevelu…
En cas de piqûre, Il faut retirer la tique rapidement pour limiter les risques de contamination. Mieux vaut, pour cela, utiliser un tire-tique (ou à défaut une pince à épiler). Il faut alors glisser le crochet sous la tique, puis tirer doucement en faisant un mouvement circulaire. En cas de difficulté, un pharmacien ou un médecin pourra vous aider. Pensez ensuite à désinfecter la zone. Utilisez « de l’alcool modifié ou un antiseptique à base de chlorhexidine, d’hexamidine ou de povidone iodée », conseille Ameli.fr. Enfin, marquez la piqûre avec un trait de feutre pour la surveiller plus facilement. Notez la date et la zone concernée sur le carnet de santé ou sur votre Espace santé (lire notre article).
Si vous constatez, dans le mois qui suit, une tache rouge, consultez votre médecin. Faites de même si vous ressentez des douleurs articulaires, de la fièvre, des maux de tête ou des symptômes inhabituels.
Participer pour faire avancer la science
Une fois ces étapes réalisées, vous pouvez participer au programme de recherche citoyen. Il suffit de vous rendre sur le site Citique.fr ou de télécharger l’application gratuite « Signalement tique ». Ensuite, il faudra indiquer si la piqûre concerne une personne ou un animal, renseigner le lieu et le contexte. Vous pourrez, par la suite, l’envoyer par courrier au laboratoire pour qu’elle soit analysée.
Les signalements et les envois participent à enrichir la base de données des chercheurs. Ces derniers pourront ainsi mieux comprendre l’écologie des tiques et mieux nous protéger.