Si transpirer est un processus naturel et indispensable au fonctionnement de l’organisme, l’hypersudation est au mieux désagréable, au pire problématique vis-à-vis de la vie sociale, des maladies de peau (mycoses, verrues, etc.) et du risque de déshydratation. Toute une panoplie de solutions existe.
Tout être humain transpire. En effet, la sueur produite par les glandes sudoripares joue un rôle majeur dans la régulation de la température corporelle. Mais en cas d’hyperhidrose, le terme médical désignant la sudation excessive, le retentissement sur le quotidien, le travail et les interactions sociales peut être sévère. Elle est d’ailleurs souvent associée à une faible estime de soi, à l’anxiété et la dépression.
L’hyperhidrose dite primaire, c’est-à-dire qui n’est pas consécutive à une maladie, répond à des critères bien précis, détaille le Dr Smail Hadj-Rabia, dermatologue (Hôpital Necker, Paris) : « C’est une sudation excessive visible, focalisée sur certains endroits, qui dure depuis au moins six mois et sans cause identifiée. Elle doit également présenter au moins deux caractéristiques parmi celles-ci : un caractère bilatéral et symétrique, un impact sur les activités (au moins un épisode hebdomadaire), un âge de début inférieur à 25 ans, des antécédents familiaux, pas de sudation excessive pendant le sommeil. Pour sa part, l’hyperhidrose secondaire est soit la manifestation d’une maladie sous-jacente, qu’elle soit neurologique, endocrinienne, cardiologique ou même un cancer, soit induite par un médicament (antipsychotiques, inhibiteurs de la cholinestérase, antidiabétiques, antidépresseurs, opioïdes…) ». Le contrôle des maladies génératrices d’hyperhidrose ou la substitution d’un médicament impliqué peut déjà résoudre de nombreux cas.
Hypersudation : quels traitements ?
Avant de recourir aux médicaments, la personne doit éviter les facteurs déclenchants de la sudation. Ce sont les aliments épicés et l’alcool, ainsi que les situations émotionnelles gênantes, les vêtements serrés et les tissus synthétiques. Une fois ces comportements préventifs adoptés, les thérapeutiques les plus accessibles sont les antitranspirants à base de sels d’aluminium dans l’hyperhidrose des aisselles (axillaire). À ce sujet, le spécialiste tient à mentionner que si le lien entre sels d’aluminium et cancer du sein ou maladie d’Alzheimer est évoqué, rien n’est démontré à ce jour.
Si les antitranspirants ne font pas l’affaire, plusieurs médicaments peuvent stopper la transpiration excessive dont le glycopyrolate dit « topique » (déposé à un endroit précis), disponible en lingettes de solution aqueuse, l’oxybutinine topique, en gel ou en patch sur la peau au niveau des aisselles, des mains et des pieds, voire sous forme orale, ou encore la méthanamine topique en déodorant ou en gel.
Si aucun de ces médicaments n’est venu à bout de l’hyperhidrose de manière satisfaisante, des traitements oraux existent (des « anticholinergiques »), ainsi que les injections de toxine botulique. Dans l’hyperhidrose axillaire, palmaire (mains) ou plantaire (pieds), elle bloque temporairement la libération de l’hormone acétylcholine en cause dans l’hypersudation.
Au-delà des médicaments, certaines techniques peuvent être proposées comme l’iontophorèse, efficace à 80 %. Elle utilise un courant électrique de faible intensité : les mains ou les pieds sont placés dans deux bacs en plastique au fond desquels sont déposées des électrodes recouvertes d’une grille protectrice. La thermolyse micro-ondes est quant à elle définitive dans 90 % des cas : une énergie électromagnétique détruit les glandes sudorales. Avec la dernière technologie en date, appelée « radiofréquence fractionnée », les glandes sudorales sont aussi détruites mais cette fois-ci par la chaleur, au moyen d’une radiofréquence administrée entre des micro-aiguilles plantées dans l’hypoderme. En dernier recours, la chirurgie (excision des glandes sudorales) est réservée aux formes extrêmes d’hyperhidrose des aisselles.
© C i E M / Hélène Joubert