Une étude inédite s’intéresse à la vie affective des jeunes de moins de 30 ans dans le pays. Elle fait état de la diversité des relations intimes, loin des préjugés.
L’Institut national d’études démographiques (Ined) vient de publier les résultats de l’enquête sur la vie affective des jeunes adultes (Envie). Il s’agit de « la première en France à s’intéresser spécifiquement à la sexualité des 18-29 ans ». Menée en 2023, elle s’est attardée sur les expériences vécues sur les 12 derniers mois.
Premier enseignement : 79 % des 10 000 jeunes interrogés ont connu au moins une relation amoureuse ou sexuelle dans l’année.
Couple, relation suivie ou histoire d’un soir : une vie affective contrastée
Les modalités de ces relations sont diverses. Toutefois, le couple demeure la forme dominante. « Deux tiers des jeunes adultes déclarent avoir été en couple dans les 12 derniers mois, que cette relation soit terminée ou toujours en cours au moment de l’enquête », indique l’Ined.
Ils sont aussi 21 % à avoir connu une histoire d’un soir dans l’année. Et cette expérience semble plus courante après une séparation. « La période post-rupture est propice aux relations éphémères qui permettent de tourner la page et de “passer à autre chose” », constate l’Institut.
Entre les deux, les chercheurs ont identifié ce qu’ils ont appelé des relations suivies. Les moins de 30 ans les qualifient eux de « sexfriend », « plan cul », « amitié avec un plus », « flirt », « aventure »… Elles concernent 15 % des jeunes adultes.
Des lieux de rencontre divers
Les chercheurs ont remarqué que le lieu de rencontre diffère selon le type de relation. Chez les moins de 30 ans ayant connu une relation conjugale, « 34 % ont rencontré leur conjoint dans un espace associé à leur activité professionnelle ou estudiantine ». Ces lieux impliquent « de se revoir souvent, ce qui n’est pas forcément souhaité dans le cas des rencontres éphémères », précise l’Ined.
Les espaces publics (bars, boîte de nuit, festival, concerts…) sont donc plus propices aux histoires d’un soir. « Parmi les personnes ayant connu ce type de relation dans les 12 derniers mois, 30 % ont rencontré le partenaire en question dans un lieu public, souvent festif », confirme l’Institut.
Les applications de rencontres, elles, tiennent une place importante sans pour autant être le mode de contact le plus fréquent. Ainsi, 21 % des jeunes ayant connu une histoire d’un soir y ont rencontré leur partenaire. C’est aussi le cas de 16 % de ceux qui ont eu une relation suivie et 11 % des personnes en couple. « Réunissant de nombreux jeunes et autorisant une certaine discrétion, ces plateformes sont fortement associées – dans les esprits comme dans les faits – aux rencontres “sans lendemain”, sans pour autant s’y limiter », considèrent les chercheurs.
Enfin, les soirées entre amis, les réseaux sociaux, les jeux en ligne ou encore les rencontres au domicile, sont aussi cités. « Ces autres contextes ne dépassent jamais 10 % mais témoignent de la diversité des modes de rencontres des jeunes adultes », estime l’Ined.
Des relations diverses selon le genre, l’âge et le milieu social des jeunes
Les chercheurs se sont aussi intéressés à l’impact du genre sur la vie affective. Les femmes sont ainsi plus nombreuses que les hommes et les personnes non binaires à avoir été en couple. Les histoires d’un soir sont quant à elles davantage associées au célibat. Elles sont plus fréquemment rapportées par les hommes et personnes non binaires. Quant aux relations suivies, elles concernant autant les femmes que les hommes. Mais les termes utilisés pour les qualifier divergent. « Les hommes parlent plus volontiers de “plan cul” que les femmes, tandis que celles-ci décrivent davantage que les hommes ces relations comme “de l’amitié avec un plus” par exemple », remarque l’Ined.
Les expériences évoluent aussi avec l’âge. Les personnes proches de la trentaine sont plus souvent en couple que les plus jeunes. La cohabitation est également plus fréquente (55 % des 26-29 ans contre 9 % des 18-21 ans). Vivre sous le même toit « reste un horizon désirable », ajoute l’Institut. D’ailleurs, « 76 % des jeunes adultes en couple non-cohabitant déclarent avoir l’intention de s’installer avec leur partenaire à l’avenir ».
L’origine sociale, quant à elle, semble exercer une influence, notamment dans la population féminine. Les femmes issues de familles de cadre ont ainsi une plus faible expérience de la conjugalité que les autres. De plus, la proportion de jeunes ayant eu une histoire d’un soir ou une relation suivie progresse « à mesure que l’on monte dans l’échelle sociale ».
Les aspirations des jeunes
Pour finir, l’étude s’attarde sur les relations envisagées. Près d’un tiers des 18-29 ans, a déclaré avoir été « amoureux ou intéressé par quelqu’un » avec qui « il ne s’est rien passé physiquement ». Ce phénomène est plus fréquent chez les plus jeunes (37 % des 18-21 ans contre 24 % des 26-29 ans). Ces sentiments sont de l’ordre du fantasme pour les jeunes en couple ou de l’aspiration conjugale pour les célibataires. Ils se portent principalement vers des connaissances ou des amis.
Finalement, les résultats de cette étude sur la vie affective des jeunes s’opposent « aux discours convenus, tant ceux qui présagent “la mort du couple” que ceux annonçant une génération “no sex” devenue prude ou prudente ». La jeunesse semble donc être « un moment relationnel intense ». « Le couple y occupe une place centrale mais coexiste avec des histoires éphémères et des relations qui brouillent les frontières entre amitié et sexualité », concluent les auteurs.
© C i E M / Léa Vandeputte