Un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) révèle que près d’un quart des adolescentes âgées de 15 à 19 ans a déjà subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur compagnon.
Dix-neuf millions. C’est le nombre de jeunes femmes qui rapportent des faits de violences physiques et/ou sexuelles de la part de leurs partenaires. Au total, 24 % des filles de 15 à 19 ans en couple sont concernées à travers le monde.
Ces résultats sont issus d’une étude de l’OMS publiée dans la revue The Lancet Child & Adolescent Health. Celle-ci s’appuie sur la base de données mondiales de l’OMS sur la prévalence de la violence à l’égard des femmes. Les chercheurs ont analysé les données de 154 pays pour les statistiques sur la violence au cours de la vie. Un chiffre qui monte à 157 pays pour les violences intervenues dans l’année écoulée.
Une période cruciale pour les jeunes filles
Ainsi, 16 % des adolescentes interrogées ont subi des violences au cours de l’année écoulée. Un constat très alarmant, puisque celles-ci interviennent, avant l’âge de 20 ans, à un moment charnière de l’existence. « La violence au cours de ces années cruciales de formation peut avoir des conséquences graves et durables. Elle doit être prise plus au sérieux et considérée comme un problème de santé publique », explique Pascale Allotey, directrice du département santé sexuelle et reproductive de l’OMS.
Des variations selon les régions
Les chercheurs constatent des différences notables entre pays et régions du monde, dans la prévalence de ces actes violents. C’est en Océanie (47 %) et en Afrique subsaharienne centrale (40 %) qu’ils ont noté le plus de signalements. La prévalence de la violence varie grandement, de seulement 6 % en Géorgie à 49 % en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Pour expliquer ces disparités, l’OMS apporte plusieurs éléments de compréhension, notamment sur les différences contextuelles entre les différents pays. Ceux « à faible revenu et à faible revenu intermédiaire » feraient face à un nombre de cas plus important. Les auteurs remarquent que « les sociétés à forte prévalence de mariages d’enfants avaient une prévalence plus élevée de violence entre partenaires intimes contre les adolescentes ». À l’inverse, les pourcentages sont les plus faibles dans « les pays ayant des taux plus élevés d’inscription aux écoles secondaires féminines, et ceux qui ont des lois sur les successions plus égales au sexe ».
Des pistes de progrès
Ces violences sexistes sont considérées par l’OMS comme « une grave violation des droits de l’homme et une préoccupation de santé publique de proportions pandémiques ». Le programme mis en place en 2018 vise à « répondre, prévenir et éliminer la violence à l’égard des femmes. »
Face à ces chiffres alarmants, l’aréopage de chercheurs internationaux en charge de l’étude estime que « les pays devraient s’efforcer de fournir un enseignement secondaire à toutes les filles, d’assurer l’égalité des droits de propriété pour les femmes, d’éliminer les normes discriminatoires de genre et de s’attaquer aux pratiques néfastes telles que le mariage des enfants ».
© C i E M / Mathieu Yerle