S’initier aux savoir-faire biologiques, en prêtant main forte à des agriculteurs ou à des particuliers et en partageant leur mode de vie. C’est le principe du Wwoofing, un mouvement né au Royaume-Uni il y a 50 ans et dont le but est surtout de reconnecter les citadins à la terre et à ses richesses.
L’histoire commence au début des années 1970 en Angleterre. Sue Coppard, qui vient d’un milieu agricole, est secrétaire à Londres. Mais la campagne lui manque. Sensible à l’écologie, elle décide de proposer son aide aux fermiers bio de la région pendant son temps libre. Un week-end après l’autre, d’autres personnes la rejoignent. Peu à peu, l’initiative se développe à travers le pays mais aussi à l’étranger. En 1971, Sue fonde le mouvement du « wwoofing » – « wwoof » signifiant « World Wide Opportunities on Organic Farms » –, un réseau mondial de fermes biologiques. Son objectif vise « à reconnecter les hommes et les femmes à la terre » en les faisant participer bénévolement à des pratiques agricoles bio, explique l’association Wwoof France. Le principe est simple : les bénévoles, les « wwoofeurs », sont mis en contact avec les fermes partenaires via une plateforme web. Ils sont ensuite reçus dans de petites exploitations, toujours à taille humaine, où vivent et travaillent des familles ou des collectifs (les hôtes). Les wwoofeurs aident aux tâches qui varient en fonction des saisons (maraîchage, coupe de bois, récolte, soins aux animaux…) et sont en échange logés et nourris.
Éducation populaire
Mais attention, le wwoofing n’est en aucun cas « du travail contre le gîte et le couvert », précise Cécile Paturel, coordinatrice de Wwoof France. « Nous sommes dans une démarche d’éducation populaire. Beaucoup de citadins ne savent pas d’où vient ce qu’ils mangent, constate la jeune femme. Le wwoofing, c’est un échange culturel. L’hôte partage sa passion, il transmet les gestes agroécologiques qu’il pratique au quotidien. On apprend les bases : comment planter, faire pousser, récolter, faire de l’élevage, toujours avec cette idée de respecter la planète. » Dans la journée, le wwoofeur consacre quatre à six heures aux activités de la ferme. Le reste du temps, il est libre de faire du tourisme, de rester sur place pour se détendre ou de continuer à aider son hôte s’il le souhaite.
Aventure humaine
Les séjours varient d’une semaine à un mois. Mais certains décident de consacrer plusieurs mois au wwoofing en voyageant de ferme en ferme. « On vit de véritables aventures humaines, ajoute Cécile, elle-même adepte convaincue depuis des années. Partager le quotidien de quelqu’un, ses repas, ses activités, ça crée des liens ! J’ai énormément appris et gardé contact avec tous les hôtes qui m’ont reçue. » Un enthousiasme partagé par Fabienne, herboriste dans le sud de l’Isère, qui accueille régulièrement des wwoofeurs. Pour elle, le wwoofing, « c’est aussi politique, témoigne-t-elle sur le site de Wwoof France. C’est dire : venez reprendre vos savoirs, réappropriez-vous le monde qui vous entoure ! Ce n’est pas utopiste, c’est totalement concret. Et on a l’avenir devant nous. »
© C i E M / Delphine Delarue
Comment devenir wwoofeur ?
Si vous souhaitez tester le wwoofing, rien de plus simple. Il suffit de se connecter sur le site Wwoof France (wwoof.fr), de bien lire la charte du mouvement pour vérifier que ses valeurs vous correspondent et de s’inscrire à l’association (25 euros l’année). Vous remplissez ensuite un profil et pouvez consulter ceux des hôtes avant de les contacter. Les qualités requises ? « Des capacités d’adaptation, de la curiosité et de la bienveillance », résume Cécile Paturel, coordinatrice du réseau pour la France. Un réseau qui veille bien évidemment à ce que les hôtes partagent aussi les mêmes valeurs.