3/3 Trois questions au docteur Benjamin Verret, cancérologue à l’Institut Gustave Roussy
Quel est l’état des lieux de la cancérologie en France ?
Elle se porte plutôt bien. Nous avons la chance d’avoir des sociétés savantes et des groupes coopérateurs assez influents et dynamiques. De nombreux essais cliniques ont lieu en France au niveau industriel et d’autres sont également développés par des groupes scientifiques.
La prévention de certains d’entre eux donne-t-elle des résultats significatifs et faut-il l’accentuer ?
Les stratégies de dépistage organisé de cancers comme le cancer du sein ou du colon diminuent le risque de mortalité. Il faut encourager ces stratégies. La prévention qui consiste à identifier les personnes à risque de cancer par le biais de leur exposition à plusieurs facteurs de risque était, il y a encore quelques années, le domaine le moins dynamique en termes de recherche en oncologie. C’est à même de changer. Au sein de l’institut Gustave Roussy le programme « Interception » lancé il y a 3 ans a pour but de personnaliser la prévention des cancers en fonction des facteurs de risques et de développer des programmes de recherche dédiés à la prévention et au dépistage.
Peut-on espérer un jour vaincre totalement les cancers ou du moins les contrôler ?
Très probablement. Il suffit de regarder en arrière pour voir les progrès réalisés. Il y a 10 ans, le pronostic d’un cancer du sein métastatique n’était pas excellent et ne dépassait pas les 3 ou 4 ans. Le pronostic d’un cancer du poumon ou d’un mélanome métastatique était aussi mauvais. Avec l’arrivée des nouveaux traitements, on a plus d’un tiers des patients voire la moitié qui sont contrôlés. La guérison de certains cancers métastatiques n’est pas rare et est le quotidien de l’oncologie. Dans une cinquantaine d’années, le pronostic des cancers ne sera probablement pas celui qu’il est aujourd’hui même pour des cancers agressifs comme celui du pancréas par exemple.