Les centres de santé mutualistes, qui dispensent des soins médicaux, dentaires et infirmiers, font face à des difficultés économiques. Pourtant, ils jouent un rôle essentiel dans l’accès aux soins pour tous grâce à des tarifs maîtrisés et à la pratique du tiers payant.
L’existence des centres de santé mutualiste « est menacée », alerte la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF) dans son dernier communiqué. Dans le pays, 577 centres médicaux, dentaires et infirmiers sont gérés par des groupements mutualistes. Mais leur mode de fonctionnement non lucratif les fragilise. « Il y a urgence à agir si nous voulons pérenniser ces modèles non lucratifs qui mettent le patient au centre de leurs préoccupations », estime la Mutualité.
Des soins accessibles à tous
Les centres de santé mutualistes sont ouverts à tous les usagers, qu’ils soient ou non adhérents à une mutuelle. Ils proposent des soins aux tarifs conventionnés par la Sécurité sociale, sans dépassement d’honoraires. Ils pratiquent également le tiers payant pour les frais pris en charge par l’Assurance maladie comme par les mutuelles. Le patient n’a donc pas d’argent à avancer ; un avantage de taille.
Présents dans tous les territoires, ces centres jouent ainsi un rôle essentiel dans l’accès aux soins, cheval de bataille de la Mutualité (lire à ce propos notre article sur l’histoire du mutualisme). Ainsi, pour la FNMF, « ils complètent l’offre de soins de premier recours en libéral ». « Certains développent même des solutions pour lutter contre les déserts médicaux, avec par exemple la mise en place de services médicaux de proximité, les urgences dentaires ou des équipes mobiles de santé visuelle », ajoute-t-elle.
Des patients satisfaits
Les patients, eux, y trouvent leur compte. Selon une enquête de Majors consultants pour la Mutualité française, menée auprès de 20 256 patients entre octobre et décembre 2023, leur taux de satisfaction est de 92 %. Les usagers plébiscitent le professionnalisme des équipes soignantes et leur sens de l’écoute. Ils soulignent aussi la qualité des informations et des explications médicales reçues. Ils sont 95 % à juger les conditions d’hygiène et de sécurité optimales. Et 74 % sont prêts à recommander les centres de santé mutualistes pour consulter un médecin.
« Cette reconnaissance témoigne de l’action continue des établissements mutualistes envers les patients, leur accueil et la qualité des soins », considère la FNMF.
Un soutien financier nécessaire
Toutefois, les centres de santé mutualistes connaissent majoritairement des difficultés financières. Celles-ci interviennent « malgré une gestion efficiente (mutualisation des achats, adaptation des horaires d’ouverture…) », précise la FNMF. Pour preuve, cette dernière cite une étude réalisée par le cabinet de conseil ACE santé de décembre 2023. Elle concluait que plus des trois quarts des 31 centres analysés présentaient « un déséquilibre d’exploitation ». En cause : leur modèle de financement. Celui-ci ne permet pas aux structures de parvenir à un équilibre « et encore moins générer un excédent nécessaire au maintien d’un service de qualité ».
La FNMF sollicite donc des « soutiens financiers supplémentaires ». « Si rien n’est fait par les pouvoirs publics pour sauver le modèle économique non lucratif des centres de santé, demain, peu de Français pourront accéder à des consultations sans dépassements d’honoraires et pratiquant le tiers payant », insiste-t-elle.
© C i E M / Léa Vandeputte