Si de nombreuses plantes possèdent des vertus médicinales reconnues, d’autres, en particulier celles que l’on ramasse en pleine nature pour les consommer, peuvent être toxiques, voire mortelles. Chaque année en France, plus de 250 cas de confusion alimentaire avec des végétaux sont signalés par les centres antipoison.
Depuis la nuit des temps, les humains ont compris les bienfaits qu’ils pouvaient tirer de certaines plantes. Hippocrate recommandait par exemple le saule blanc pour traiter les douleurs et les fièvres. C’est de cette plante que provient l’un des médicaments désormais les plus connus au monde : l’aspirine. La morphine et la codéine, utilisées comme antalgiques, sont quant à elles issues du pavot blanc. Même chose pour la quinine, célèbre antipaludéen, qui nous vient du quinquina, un arbuste originaire d’Amérique du Sud. De nos jours, que ce soit sous forme de tisanes, de gélules, de compléments alimentaires ou d’huiles essentielles, les végétaux sont de plus en plus utilisés. On en viendrait presque à oublier que certaines plantes peuvent aussi être très dangereuses. Elles sont d’ailleurs à l’origine de quelques décès célèbres, comme celui de Socrate, condamné par les Athéniens à boire de la ciguë, ou du dissident Georgi Markov, empoisonné en 1978 par de la ricine cachée dans la pointe d’un parapluie par les services secrets bulgares.
Attention aux cueillettes dans le jardin ou le potager
Plus près de nous, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a recensé à partir de son dispositif de toxicovigilance, qui rassemble les signalements des centres antipoison, plus de 250 cas annuels de confusion alimentaire avec des végétaux depuis 2012. « Certaines plantes toxiques ressemblent à des plantes comestibles et peuvent être confondues avec ces dernières lors de cueillettes dans la nature, mais également dans le jardin ou le potager », prévient l’agence. Ainsi, en juin 2019, un Nantais de 63 ans est décédé après avoir consommé de l’œnanthe safranée cueillie dans son jardin, pensant qu’il s’agissait de persil tubéreux. Un an plus tôt, un randonneur de 78 ans est également mort après avoir confondu des feuilles d’aconit tue-loup avec du couscouil, une plante dont les feuilles se consomment en salade.
Mécanisme de défense
Mais pourquoi certaines plantes sécrètent-elles ces substances toxiques ? La raison est simple : elles « ne peuvent pas fuir les herbivores qui s’en nourrissent, ou les champignons, bactéries et autres micro-organismes qui les attaquent », expliquent Elizabeth Dauncey, toxicologue, et Sonny Larsson, pharmacologiste, dans leur ouvrage Les plantes qui tuent, paru en 2019 aux éditions Ulmer. Les végétaux « doivent donc trouver d’autres moyens pour se défendre. L’une de ces stratégies est de sécréter des substances vénéneuses et nocives qui dissuadent la prise alimentaire ». Un système de protection effectivement très efficace. Mais que certains sont tout de même parvenus à détourner : en consommant la toxique asclépiade, le papillon monarque ne meurt pas et devient lui-même vénéneux pour les oiseaux.
© C i E M / Delphine Delarue
Comment prévenir l’intoxication ?
Pour limiter les risques d’intoxication lors de la cueillette, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et les centres antipoison émettent une série de recommandations : ne pas consommer le végétal en cas de doute sur son origine, cesser immédiatement de manger la plante si elle a un goût inhabituel ou désagréable, ne pas cueillir par brassées pour éviter de mélanger les végétaux toxiques et comestibles, et photographier sa cueillette pour en faciliter l’identification en cas d’intoxication. Si des troubles de la santé (vomissements, nausées, céphalées) apparaissent après le repas, n’hésitez pas à contacter un centre antipoison (centres-antipoison.net). En cas d’urgence vitale (coma, arrêt cardiaque, détresse respiratoire), appelez immédiatement le 15.