Face à certaines difficultés ou pour dénouer des situations de souffrance, le thérapeute peut proposer de prendre en charge toute la famille. Cette approche a pour objectif de rétablir la communication entre les générations, de mieux se comprendre et d’avancer ensemble.
La thérapie familiale est préconisée quand une cellule familiale est dysfonctionnelle. « C’est le plus souvent par le biais de l’enfant que l’on repère cette souffrance collective, explique Chantal Diamante, présidente de la Société de thérapie familiale psychanalytique d’Île-de-France (STFPIF). Un enfant très excité, qui sollicite sans cesse son père ou sa mère et veut attirer leur attention, peut avoir ce comportement pour empêcher ses parents de se disputer. » Il existe plusieurs approches en thérapie familiale : comportementale et cognitive, qui propose des techniques pour supprimer le comportement problématique ; systémique, qui s’intéresse à la fonction du symptôme ; et psychanalytique, qui s’attache au sens du symptôme. « Cette dernière approche met l’accent sur la parole, précise la thérapeute. Les membres de la famille sont ainsi invités à s’exprimer librement. Nous pouvons aussi proposer le dessin par exemple qui peut être un support adapté pour les enfants comme pour les adultes. »
S’intéresser au contexte familial
L’objectif est de permettre à chacun de participer afin de mieux comprendre le contexte familial. « À travers les échanges, il est possible de reconstruire des liens dans le respect de la différence entre les générations », ajoute Chantal Diamante. La thérapie permet aussi de revisiter son histoire. « Devenir parent est un bouleversement qui réactive à la fois l’enfant que l’on a été et les parents que l’on a eus, constate-t-elle. Les séances peuvent faire remonter des souvenirs, parfois traumatisants comme un accident de la vie, un inceste ou un décès. » En plus des parents et des enfants, les grands-parents aussi peuvent participer. « C’était le cas notamment d’un monsieur dont l’épouse était décédée et qui était retourné vivre chez ses parents avec ses enfants, illustre la psychanalyste. Le quotidien était très tendu entre les générations et il était nécessaire de rassembler tous les membres de cette famille pour démêler la situation. L’important n’était pas tant de donner des conseils, des leçons ou des devoirs à faire mais bien de comprendre ce qui ne fonctionnait pas, de prendre le temps et de laisser chacun s’exprimer pour se faire entendre. »
Progresser en groupe
Avant d’entreprendre une thérapie familiale, une première rencontre est nécessaire pour évaluer la situation et proposer aux différents membres de participer. « Il arrive parfois qu’une personne soit réticente à l’idée de suivre une thérapie, observe la présidente du STFPIF. Il faut alors prendre le temps de lui expliquer pourquoi on veut voir tout le monde et en quoi sa présence est importante. » Durant généralement une heure, les séances ont lieu chaque semaine, tous les quinze jours ou tous les mois selon les disponibilités. La famille entière est reçue en même temps par le psychanalyste. Le but est que « le groupe avance ensemble », précise Chantal Diamante avant d’ajouter : « Si les parents sont séparés, soit nous les recevons tous les deux, soit séparément, mais toujours avec l’enfant. Dans le second cas, une restitution de la séance précédente est toujours effectuée afin que chacun ait le même niveau d’information. »
© C i E M / Isabelle Coston