Nouveau régime à la mode, le jeûne intermittent consiste à ne rien manger huit à seize heures par vingt-quatre heures pour mettre son organisme au repos et perdre au passage quelques kilos. Si l’idée semble intéressante, cette façon de se nourrir peut conduire à des fringales et à une baisse d’énergie importante.
De plus en plus populaire ces dernières années, le jeûne intermittent consiste à réduire la plage horaire pendant laquelle on se nourrit. L’objectif étant de diminuer les prises alimentaires, de permettre à notre système digestif de se mettre au repos et, surtout, de perdre un peu de poids. Le jeûne intermittent le plus pratiqué est le « 16/8 », l’idée étant qu’il s’écoule 16 heures entre la dernière prise alimentaire de la journée et la première du jour suivant.
En clair : on jeûne pendant 16 heures et, pour cela, on supprime soit le dîner, soit le petit-déjeuner. « J’ai constaté que ce jeûne fonctionne mieux lorsque l’on conserve le petit-déjeuner, explique Sarah Mony, diététicienne-nutritionniste à Saint-Cloud et référente du Programme national nutrition santé (PNNS) du ministère de la Santé. Les personnes qui sautent le petit-déjeuner ont des envies très fortes de sucre vers 18 heures. Le soir, elles continuent d’avoir faim et compensent souvent le manque d’apports de la journée par un dîner trop copieux. À l’inverse, ceux qui petit-déjeunent, déjeunent, prennent une collation vers 17 heures et ne dînent pas auront bien les bénéfices liés à ce jeûne de 16 heures. »
Attention à l’hydratation
Pendant toute la phase de jeûne, il faut veiller à bien s’hydrater. Cela permet à l’organisme d’éliminer les toxines et de réduire la sensation de faim. On conseille aussi de ne pas débuter ce type de jeûne sans avoir demandé l’avis de son médecin, et de le commencer progressivement, par exemple un jour sur deux.
Mais, finalement, on ne mange plus que deux repas par jour. Est-ce vraiment suffisant ? On est bien loin des trois prises alimentaires recommandées auxquelles s’ajoute souvent une collation… D’après certaines études, le jeûne intermittent ne serait pas forcément une bonne idée. Il pourrait perturber le sommeil, augmenter les envies de grignoter, diminuer l’énergie, la concentration, entraîner de la fatigue et causer des vertiges.
Afin d’éviter ces désagréments, mieux vaut donc opter pour un jour de jeûne par semaine, par exemple le week-end, à un moment où l’on est plus au calme et où l’on ne travaille pas. Au bout du compte, si vous souhaitez perdre du poids, manger moins et cesser de malmener votre organisme avec une nourriture de mauvaise qualité, un simple rééquilibrage alimentaire peut aussi suffire. « Il s’agit surtout de manger « juste » à chaque repas, conclut Sarah Mony. Je ne pense pas que ce soit négatif de répartir l’alimentation sur une journée totale, avec trois repas sains, bien répartis et équilibrés, en privilégiant le fait-maison et en mangeant plus léger le soir (par exemple une soupe et un fruit). »
© C i E M / Delphine Delarue
Des bienfaits sur les maladies chroniques
S’il n’est pas forcément recommandé pour tout le monde, le jeûne intermittent pourrait toutefois avoir des effets positifs sur certaines maladies chroniques. C’est ce que montre une étude publiée en 2019 dans la revue scientifique Cell. Ces travaux concluent qu’un jeûne de 19 heures réduit le nombre de monocytes – ces globules blancs pro-inflammatoires – dans le sang. « Les monocytes sont des cellules immunitaires extrêmement inflammatoires qui peuvent causer de graves lésions tissulaires, explique le docteur Miriam Merad, un des auteurs de l’étude. On a constaté leur augmentation dans la circulation sanguine de la population, suite aux habitudes alimentaires acquises au cours des derniers siècles. » Lorsqu’elle devient chronique, l’inflammation augmente le risque de maladies graves, comme le diabète, le cancer ou les problèmes cardiaques. « Compte tenu du large éventail de pathologies causées par l’inflammation chronique et du nombre croissant de patients atteints de ces maladies, les études sur les effets anti-inflammatoires du jeûne ont un potentiel énorme », affirme le docteur Stefan Jordan, auteur principal de l’étude.