Bien qu’autorisés, les compléments alimentaires utilisés pour améliorer les performances sportives présentent des risques pour la santé, prévient l’Anses. Les préparations à base de protéines sont notamment visées.
Toujours plus vite, toujours plus fort. Professionnels ou amateurs, les sportifs se laissent parfois tenter par des compléments alimentaires pour améliorer, ou au moins optimiser leurs performances.
Mais ces produits peuvent se révéler dangereux pour l’organisme. C’est le message que veut faire passer l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’environnement, de l’alimentation et du travail (Anses). Elle vise particulièrement les compléments alimentaires et les aliments enrichis qui ont un impact sur la masse musculaire.
Une consommation issue d’une croyance « non fondée »
En effet, « cette pratique est encouragée par une croyance non fondée selon laquelle l’alimentation courante ne suffirait pas à atteindre les objectifs de performance fixés », déplore l’Anses. Beaucoup de sportifs s’investissent dans la musculation ou dans d’autres pratiques pour lesquelles la puissance musculaire est centrale. Et certains ont recours à des produits ultraprotéinés, riches en acides aminés ou aux extraits de plantes.
Face à ce phénomène, l’Anses a lancé dès 2009 un « dispositif de nutrivigilance », pour surveiller ses pratiques. Entre 2009 et 2016, 49 signalements d’effets indésirables liés à ces compléments alimentaires ont été répertoriés.
Un phénomène qui s’amplifie
Huit ans après, rien n’a changé, bien au contraire. « Entre 2016 et février 2024, 154 nouveaux cas d’effets indésirables ont été déclarés à la suite d’une consommation de ces produits, dont 18 considérés comme très graves », estime l’Anses. Cette dernière a aussi comptabilisé deux décès et quatre personnes dont le pronostic vital a été menacé, sur la même période.
Les impacts cardiovasculaires (tachycardie, palpitations voire arrêt cardiaque) sont les effets indésirables les plus fréquemment rapportés. D’autres symptômes peuvent survenir : malaise, fatigue, fièvre, vertiges, problèmes digestifs ou encore neurologiques.
Des produits dopants ?
Au-delà de leurs effets indésirables, ces compléments alimentaires contiennent aussi parfois des traces de produits considérés comme dopants. C’est le cas des stéroïdes anabolisants, du clenbutérol ou de l’éphédrine. Ces substances sont interdites à la consommation du fait de leurs effets sur l’activité cardiovasculaire.
Elles sont, de plus, interdites par l’Agence mondiale antidopage (AMA), des routes du Tour de France aux compétitions locales d’haltérophilie. Outre une iniquité entre participants, un produit dopant est considéré comme tel lorsqu’il est un danger pour la santé du sportif. C’est le cas quand il augmente le risque de survenue d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), de crise cardiaque et de troubles anxieux.
Se faire accompagner par son médecin
L’Anses recommande donc d’éviter les achats sur internet. Elle préconise aussi de ne pas associer plusieurs compléments alimentaires à risques, entre eux ou avec des médicaments, afin de prévenir l’effet cocktail. Enfin, elle conseille d’être encadré par un médecin dans sa consommation de compléments alimentaires et d’aliments enrichis. Ces derniers doivent respecter la norme européenne EN17444:2021. Celle-ci est relative aux « bonnes pratiques de développement et de fabrication visant à prévenir la présence de substances interdites dans les denrées alimentaires ».
© C i E M / Mathieu Yerle