Définie comme la capacité à percevoir, comprendre, maîtriser et exprimer des émotions, l’intelligence émotionnelle est de plus en plus utilisée y compris dans le domaine professionnel. Comment la développer ? Conseils de psychologues.
« L’intelligence émotionnelle est une notion récente. Le terme a été introduit par le psychologue Peter Salovey en 1990 et a été popularisé cinq ans plus tard par Daniel Goleman, également psychologue. Il s’agit de la capacité permettant aux individus d’interagir avec les personnes d’un groupe et son environnement. Selon Daniel Goleman, c’est aussi être capable de saisir son propre état émotionnel, de s’autoréguler et de s’adapter à son entourage en percevant les émotions d’autrui », explique Sophie Mercier Millot, docteure en psychologie et psychosociologue.
« Cette forme d’empathie permet à la personne de vivre des interactions sociales harmonieuses et constructives », ajoute Hindi Hafhouf-Lacôte, docteure en psychologie et psychologue clinicienne. L’intelligence émotionnelle nous permet, en effet, de nous adapter aux différentes situations auxquelles nous sommes confrontés, d’anticiper, de savoir dénouer des problèmes relationnels et donc limiter le stress. Elle permet aussi d’avoir une meilleure conscience de soi, de renforcer sa motivation, son empathie et facilite les relations avec l’entourage aussi bien au niveau privé qu’au niveau professionnel.
La valeur indéniable des émotions
Contrairement à d’autres formes d’intelligences, l’intelligence émotionnelle est compliquée à évaluer. « Il est difficile de préconiser un test véritablement efficient pour mesurer l’intelligence émotionnelle bien que plusieurs éditeurs de test en proposent. Ces derniers sont bien souvent en lien avec le quotient intellectuel », indique, en effet, Sophie Mercier-Millot. Elle peut cependant être renforcée. « Il est possible de la développer dans sa vie personnelle ou professionnelle lors de séances psychothérapeutiques. Ces espaces permettent à la personne d’analyser les processus à l’œuvre dans la rencontre », note la psychologue. Elle évoque également l’importance de cette forme d’intelligence au travail. « Professionnellement, les émotions ont une valeur indéniable et l’intelligence émotionnelle est principalement utilisée dans les métiers de service où il faut surjouer l’enthousiasme, l’intérêt, la gentillesse, voire parfois la séduction. L’utilisation de l’intelligence émotionnelle permet de miser sur une intercompréhension facilitée par cette empathie sur commande. Le risque, c’est de ne pas permettre l’expression vraie, de freiner la créativité et la spontanéité. » Dans la vie de tous les jours, vous pouvez aussi renforcer votre intelligence émotionnelle en commençant par tenter d’identifier vos émotions et celles des autres. Une fois que vous avez appris à les reconnaître, vous pouvez essayer d’apprendre à gérer les émotions négatives en ayant recours, pourquoi pas, à des exercices de respiration ou à la méditation. Il s’agit aussi de renforcer votre empathie, une des composantes clés de l’intelligence émotionnelle, mais aussi la communication avec votre entourage. Enfin, vous pouvez apprendre de la gestion des conflits : identifier leurs signes avant-coureurs et gérer les émotions qui les accompagnent est toujours très formateur.
© C I E M / Violaine Chatal
Des intelligences multiples
En travaillant pendant 12 ans sur le développement des aptitudes des enfants et l’effondrement des capacités cognitives des personnes souffrant de lésions cérébrales, le psychologue Howard Gardner a élaboré le concept d’intelligences multiples. En 1983, dans son livre Frame of Mind : The Theory of Multiple Intelligences*, il décrithuit formes d’intelligence : l’intelligence linguistique, logico-mathématique, spatiale, musicale, corporelle-kinesthésique, intrapersonnelle, naturaliste et interpersonnelle qui sera plus tard qualifiée d’intelligence émotionnelle. Le relationnel est au cœur de tout pour les personnes dotées de cette intelligence.
*Les Formes de l’intelligence, Howard Gardner, Odile Jacob, 1997.